L’arrivée brutale du froid en novembre a mis en lumière la sensibilité du marché français de l’électricité aux conditions météorologiques. Une analyse détaillée de la consommation, des prix et des moyens de production révèle l’importance croissante des solutions de flexibilité, comme le stockage sur batterie, pour naviguer dans ce nouveau paysage énergétique plus volatile.

L’observatoire des prix de novembre : un mois en deux temps

La société Storio Energy, spécialisée dans les solutions de stockage d’énergie par batterie pour les industriels et les entreprises en autoconsommation, publie régulièrement un observatoire des prix. L’édition de novembre 2023 illustre parfaitement l’impact d’un changement météorologique soudain sur le système électrique.

Une première quinzaine douce et des prix bas

Jusqu’à la mi-novembre, des températures anormalement clémentes ont maintenu la demande d’électricité à un niveau modéré. La consommation française oscillait entre 40 GW la nuit et 52 GW en pointe. Dans ce contexte, le prix spot moyen s’est établi à un niveau exceptionnellement bas de 37 €/MWh pour la saison, garantissant une grande stabilité des marchés.

Le choc thermique de la seconde quinzaine

La situation a radicalement changé avec la chute des températures. La consommation nationale a bondi, atteignant des pics entre 58 GW et 75 GW, soit une augmentation d’environ 40% par rapport au début du mois. Cette demande accrue, combinée à une production éolienne parfois défaillante, a fait exploser les prix. Le prix spot moyen a plus que doublé, pour atteindre 83 €/MWh. Le pic mensuel a été enregistré le 21 novembre à 8h, sous l’effet conjugué d’un froid intense et d’un faible vent.

La volatilité accrue du marché spot au pas de 15 minutes

Depuis le 1er octobre 2023, le marché spot de l’électricité français affiche un prix toutes les 15 minutes, et non plus toutes les heures. Cette évolution, destinée à mieux refléter l’équilibre offre-demande en temps réel, accentue fortement la volatilité des prix. Les épisodes de faible production renouvelable, comme ceux observés en novembre, génèrent désormais des pics de prix plus fréquents et plus marqués.

Cette nouvelle granularité représente un défi pour les acteurs du marché, mais aussi une opportunité pour les technologies capables de réagir rapidement.

Le stockage par batterie, un atout majeur pour valoriser la volatilité

Dans ce contexte, la flexibilité apportée par les systèmes de stockage d’énergie par batterie (BESS) devient un élément stratégique. Ces installations permettent de stocker l’électricité lorsque les prix sont bas (par exemple lors des pics de production renouvelable) et de la réinjecter sur le réseau lorsque les prix sont élevés (lors des pics de demande ou de faible production).

Les simulations de Storio Energy sont éloquentes : une batterie optimisée pour arbitrer les prix toutes les 15 minutes sur le marché Day-Ahead génère environ 28% de revenus supplémentaires par rapport à un arbitrage basé sur l’ancienne granularité horaire. Ce gain de performance confirme le potentiel économique débloqué par la nouvelle organisation du marché.

« La France a un des systèmes électriques les plus thermo-sensibles du monde. Dans ce contexte, la flexibilité et le stockage deviennent essentiels pour transformer ces fluctuations en opportunités. Notre analyse confirme à quel point le passage au pas de 15 minutes change l’équation pour les batteries », analyse Jean-Yves Stephan, CEO & cofondateur de Storio Energy.

Perspectives : vers un système électrique plus flexible et résilient

Les événements de novembre préfigurent les défis à venir pour la sécurité d’approvisionnement, notamment lors des vagues de froid hivernales. Le développement des énergies renouvelables, dont la production est par nature variable, rend indispensable le déploiement de solutions de flexibilité. Le stockage par batterie, mais aussi la maîtrise de la demande ou l’interconnexion des réseaux, sont des piliers de cette transition.

Pour les entreprises, investir dans des outils de pilotage et de stockage de l’énergie n’est plus seulement un geste écologique, mais une stratégie économique rationnelle pour se protéger contre la volatilité des prix et participer à l’équilibre du réseau. Le cadre réglementaire évolue également pour accompagner cette mutation, comme le souligne la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

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