Décryptage avec Alexis Goldberg, Directeur Commercial France chez ENGIE Solutions. La période hivernale approche à grands pas. Même si le Sud de la France jouit de températures élevées pour la saison, plus au Nord, la saison de chauffe est déjà entamée. Entre les tensions sur les marchés, les conséquences sur la disponibilité et le coût de l’énergie, les réseaux de chaleur urbains tirent plus que jamais leur épingle du jeu. Quels en sont les avantages concrets pour les usagers et l’environnement ?
Plein Soleil : Pourquoi les réseaux de chaleur sont-ils une garantie de passer l’hiver au chaud ?
Alexis Goldberg : Les réseaux de chaleurs assurent la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire d’un ensemble de bâtiments et d’habitations. Ils concernent souvent un ou plusieurs quartiers d’une commune et sont de plus en plus alimentés par des énergies renouvelables et de récupération (bois-énergie, solaire, géothermie, thalassothermie…) Outre leur caractère vertueux, ces énergies sont avant tout locales, ce qui permet de garantir leur approvisionnement ainsi que notre souveraineté et indépendance énergétique.
Alors que le contexte géopolitique entraîne une incertitude sur la disponibilité et le coût des énergies fossiles, le développement des réseaux de chaleur est une réponse non seulement conjoncturelle mais aussi structurelle et en phase avec les objectifs de décarbonation. La distribution de chaleur durable est ainsi assurée et compétitive. Sur les 164 réseaux de chaleur exploités aujourd’hui par ENGIE Solutions, près de 60 % de leur alimentation est renouvelable et locale et nous avons la capacité d’atteindre des taux de 75 % à 100 % !
Plein Soleil : Peut-on parler de chaleur circulaire ?
Alexis Goldberg : Le recours à des énergies renouvelables et de récupération est une garantie de stabilité. Ces réseaux mutualisés entre des installations industrielles et des applications urbaines permettent par exemple de récupérer la chaleur fatale. Issue des procédés industriels, cette énergie calorifique est généralement renvoyée dans l’air. Elle est donc perdue. En la captant pour la réinjecter dans un réseau de chaleur urbain, il est alors possible de transformer cette énergie pour produire de l’eau chaude sanitaire et alimenter des chaufferies.
Il en va de même avec les unités de valorisation énergétique : l’énergie produite par l’incinération des déchets est en quelque sorte recyclée dans les réseaux urbains. Cette dimension circulaire fait des réseaux le socle de la chaleur durable. Avec plus de 2 000 km de réseaux, nous pouvons encore accélérer l’essor de ce chauffage local vert et adapté à toutes les tailles de collectivités. Contrairement aux idées reçues, les réseaux de chaleur urbains ne sont pas réservés aux seules métropoles, les petites communes sont également concernées. Et heureusement pour la transition énergétique et climatique !
« On peut également faire mention du solaire thermique »
Plein Soleil : Quelles sont les énergies renouvelables à disposition ?
Alexis Goldberg : La notion de chauffage durable est renforcée par une large palette d’énergies renouvelables. Ces ressources présentes sur les territoires vont déterminer le mix énergétique retenu pour alimenter les réseaux de chaleur ou de froid. Par exemple, la géothermie de surface et profonde est désormais une technologie mature et mobilisable sur toute la France, tout comme la thalassothermie avec notamment la centrale Thassalia, première centrale de France et d’Europe utilisant l’énergie thermique de la mer, conçue et exploitée par ENGIE dans le Grand Port de Marseille. On peut également faire mention du solaire thermique ou de la récupération de chaleur sur eaux usées ainsi que la récupération de chaleur sur data center qui trouveront une place naturelle dans le mix énergétique des réseaux de chaleur. Par ailleurs, on observe également une accélération de l’utilisation de la biomasse à travers le bois-énergie. Enfin le gaz naturel opère également sa mue grâce à une substitution croissante par du biogaz produit sur le territoire national.
Plein Soleil : A ce propos, ces installations sont-elles efficientes et adaptées au changement climatique ?
Alexis Goldberg : Le changement climatique se traduit par des phénomènes de plus en plus marqués et fréquents. Concrètement, nous connaissons des périodes de froid intense au cœur de l’hiver et des vagues de chaleur à répétition en plein été. Nous avons même enregistré des records de température au début de l’automne. Cette réalité, qui peut paraître de prime abord contraignante, est une opportunité pour accompagner nos clients vers plus d’efficacité énergétique, de sobriété et de décarbonation. Les réseaux urbains sont donc une des briques essentielles pour répondre au défi climatique, et ce à plusieurs titres. Tout d’abord, les réseaux ont souvent un double emploi, ils peuvent fournir du chaud et du froid. Ainsi, à l’aide de solutions techniques comme les thermofrigopompes, capables d’échanger des calories et des frigories, il est possible de répondre à l’ensemble des besoins en chaud et en froid, de manière durable. La performance énergétique et technique de ces installations repose sur la capacité à opérer aussi bien pour les collectivités que l’industrie ou les bâtiments tertiaires.
En France, la chaleur représente 45 % de l’énergie consommée, dont les deux tiers proviennent encore d’énergies fossiles. Nous avons la responsabilité collective d’accélérer la décarbonation de nos infrastructures. Nous avons l’expertise nécessaire pour aider nos clients et les territoires à atteindre des objectifs ambitieux de décarbonation, à la hauteur des défis que nous devons relever ensemble.
Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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