Dans un contexte de transition énergétique où la flexibilité du réseau est cruciale, une innovation majeure émerge en France. La société Storio Energy a réussi à intégrer des batteries industrielles, situées chez les consommateurs, au mécanisme essentiel de réglage de la fréquence du réseau. Cette avancée technique ouvre la voie à un modèle de stockage décentralisé, plus rapide à déployer et plus économique, tout en créant une nouvelle source de revenus pour l’industrie.
La stabilité du réseau électrique européen repose sur le maintien d’une fréquence de 50 Hertz. La Réserve Secondaire de Fréquence (aFRR) est un service activé automatiquement par le gestionnaire de réseau RTE pour corriger les écarts entre production et consommation en temps réel. Traditionnellement, ce service était assuré par des centrales électriques ou des batteries de grande taille directement connectées au réseau de transport (front-of-the-meter).
Storio Energy a franchi une barrière technique majeure en permettant à ses batteries installées « behind-the-meter » (en aval du compteur, sur le réseau interne des sites industriels) de participer à l’aFRR. Contrairement aux batteries autonomes, ces systèmes n’ont pas de compteur dédié visible par RTE, ce qui compliquait leur intégration aux mécanismes de réglage fins du réseau.
Pour y parvenir, l’entreprise a développé son propre Energy Management System (EMS) certifié. Cet outil intelligent remplit deux fonctions essentielles : il communique en temps réel avec RTE pour envoyer les données de flux de la batterie et exécuter ses consignes, tout en pilotant la batterie pour optimiser la consommation du site industriel qui l’héberge.
Ce nouveau paradigme présente des bénéfices opérationnels, économiques et environnementaux significatifs par rapport au stockage traditionnel « standalone ».
En s’appuyant sur les raccordements électriques existants des sites industriels, ce modèle évite les lourds travaux d’infrastructure réseau et la création de nouveaux postes de transformation haute tension. Les délais de mise en service sont considérablement réduits, tout comme les coûts d’investissement initiaux.
Les batteries pilotées par l’EMS de Storio génèrent plusieurs flux de revenus et d’économies :
Le gisement de flexibilité est immense. Jean-Yves Stephan, co-fondateur et CEO de Storio Energy, estime que « les 1000 plus grands sites industriels français représentent un potentiel de stockage de 20 GWh ». Cela équivaut à dix fois la capacité de stockage par batterie actuellement déployée en France. Cette approche décentralisée permet d’agréger une multitude de petites unités de stockage pour former une ressource virtuelle puissante et réactive, essentielle pour l’intégration des énergies renouvelables intermittentes.
La réussite de Storio Energy démontre la maturité technologique du stockage décentralisé et ouvre la voie à une participation plus large des consommateurs-industriels à la stabilité du réseau. Ce modèle vertueux aligne les intérêts économiques des entreprises avec les impératifs techniques de la transition énergétique. Il s’inscrit dans la dynamique plus large des smart grids et de l’optimisation des actifs énergétiques distribués. Alors que la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) vise un développement massif du stockage, de telles innovations sont clés pour atteindre les objectifs de décarbonation du mix électrique français.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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