Annoncée comme une priorité par le Premier ministre Sébastien Lecornu fin novembre, la nouvelle Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) ne sera finalement pas publiée avant Noël, ni même dans les prochains mois. Le gouvernement a confirmé à l’AFP que le calendrier de publication n’était « pas arrêté à ce stade » et que de nouveaux éléments seraient communiqués « dans le cadre de la séquence annoncée pour le début de l’année prochaine ». Cette feuille de route, qui doit définir la stratégie énergétique de la France pour la décennie à venir, est désormais attendue pour 2026, prolongeant une attente de trois ans pour les acteurs du secteur.
Le report de la PPE maintient le flou sur les ambitions chiffrées de la France, notamment dans le domaine du solaire photovoltaïque. Les derniers objectifs publics, issus de la précédente programmation (PPE3), tablaient sur 54 GW de capacité installée à l’horizon 2030, un chiffre déjà revu à la baisse par rapport aux 60 GW initialement envisagés. Pour 2035, la fourchette se situe entre 65 et 90 GW.
Cependant, ces objectifs font l’objet de vives spéculations et pourraient être à nouveau révisés. La publication récente des hypothèses de travail du Bilan Prévisionnel de RTE a introduit un nouvel élément de débat. Le gestionnaire du réseau a évoqué un possible ralentissement du développement des énergies renouvelables, au regard d’une « situation d’abondance d’électricité ». Thomas Veyrenc, directeur général de RTE, a indiqué que le rythme actuel (visant 54 GW en 2030) « serait de nature à engendrer des suréquipements ».
Plusieurs hypothèses circulent désormais dans la filière :
L’incertitude pèse sur les investissements et la planification industrielle, alors que le pays doit accélérer sa transition énergétique pour respecter ses engagements climatiques.
Ce nouveau délai a des conséquences concrètes. Il retarde le lancement des nouvelles périodes d’appels d’offres prévues dans le cadre de la PPE3, freinant les projets et la visibilité des professionnels. La question du calendrier politique devient centrale. Une publication avant les élections municipales des 15 et 22 mars 2026 semble compromise, le gouvernement pouvant souhaiter éviter d’interférer avec un scrutin local ou de risquer une censure du Conseil constitutionnel sur un texte aussi structurant.
Par ailleurs, le gouvernement attend les conclusions d’un audit sur le coût des énergies renouvelables, confié à Jean-Bernard Lévy et Thierry Tuot, dont le rapport est attendu début avril 2026. Cet audit influencera très probablement les arbitrages finaux de la PPE, notamment sur les niveaux de soutien public. Dans le scénario le plus pessimiste, la publication pourrait donc n’intervenir qu’après ce rendu et les élections, reportant toute décision claire au second semestre 2026.
Ce report répété de la PPE illustre les difficultés de l’État à trancher des arbitrages complexes entre accélération de la transition, maîtrise des coûts pour le consommateur et sécurité d’approvisionnement. Il intervient dans un contexte européen de forte concurrence et de plans de soutien ambitieux, comme le Green Deal. Pour la filière solaire, cette attente prolongée est synonyme d’instabilité, alors même que la France doit multiplier par plus de trois sa capacité photovoltaïque installée d’ici 2030 pour atteindre ses objectifs, même révisés à la baisse. La clarté et la stabilité des signaux envoyés par l’État restent un élément déterminant pour mobiliser les investissements privés nécessaires à cette transformation.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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