À Marcoussis, à 30 kilomètres au sud de Paris, le désherbage du parc solaire est réalisé par éco-pâturage. Une méthode où l’entretien des espaces verts est assuré par des herbivores domestiques.
Ici, les moutons sont des alliés naturels des panneaux solaires. À la différence de projets d’agrivoltaïsme, où la production agricole est prioritaire sur la production énergétique.
L’éco-pâturage s’est imposé depuis 2021 sur cette ancienne friche au profil accidenté impropre à la tonte mécanique: 165 moutons paissent dans le parc clos de 46 hectares, développé par Engie et le syndicat intercommunal du gaz, de l’électricité et des énergies nouvelles d’Île-de-France (Sigeif).
Les moutons ont été préférés aux chèvres « trop indisciplinées, risquant d’endommager les panneaux solaires ou d’arracher des câbles avec leurs cornes », justifie Sylvain Girard, président d’Ecomouton, qui assure la prestation sur le site.
Adapter les moutons
L’introduction des moutons à Marcoussis a bravé un imprévu: la présence de sainfoin d’Espagne, plante invasive aux fleurs toxiques pour les herbivores. « On a dû adapter les moutons », déplore Pauline Duda responsable chez Engie Green, exploitant du site.
Le mouton d’Ouessant a été retenu car ne risquant pas l’intoxication. « C’est, à ma connaissance, la seule race française de mouton qui ne mange pas ces fleurs. », explique Sylvain Girard.
La mairie de Marcoussis prévoyait initialement de vendre viande et laine en circuit court. Comestible mais insuffisamment rentable, le mouton d’Ouessant ne le permet pas. « Il ne donne que 4,5 kg de viande, contre 10 pour un mouton standard, à coût d’abattage égal », précise Sylvain Girard.
Sa laine n’est pas exploitable commercialement. Elle est donnée et utilisée par des terrains de golf comme engrais naturel. « Malheureusement, la laine est considérée comme un déchet. Son traitement coûte trop cher, 90% part à l’incinérateur », confirme Sylvain Fabiani, trésorier de la Fédération Française d’Eco-pâturage.
Pas de simples tondeuses
Ecomouton possède 6.000 moutons sur 450 sites en France. Un quart du cheptel est affecté à des parcs solaires, le reste à des sites industriels et logistiques, des prisons, des Ehpad… Son chiffre d’affaires a crû de 10% en 2023, en phase avec le boom du secteur en France.
Animal et Cité, qui référence les professionnels de l’animal, répertoriait 27 prestataires d’éco-pâturage en France en 2014. Elle en dénombre 350 aujourd’hui.
Une dynamique portée par les bienfaits de la pratique. « L’éco-pâturage est propice aux pollinisateurs, aux insectes coprophages et aux oiseaux. Nos moutons servent la biodiversité et l’environnement. Ce ne sont pas de simples tondeuses », affirme Sylvain Fabiani.
Le terrain de Marcoussis n’était pas agricole, le projet ne rentre donc pas dans la définition de l’agrivoltaïsme, ce qui a évité les conflits d’usage qu’on voit naître ici et là, et que la loi a récemment tâché de canaliser.
Apporter des synergies
« L’agrivoltaïsme est avant tout un outil agricole. Nous devons identifier les projets pertinents dans lesquels l’énergie apporte des synergies », souligne Stéphanie-Anne Pinet, déléguée générale de France Agrivoltaïsme, association regroupant les acteurs de la filière.
Par exemple, « les retours d’expérience confirment l’effet protecteur des panneaux photovoltaïques contre les aléas tels que le gel, la grêle, la sécheresse et la canicule », assure Mme Pinet.
L’installation de panneaux solaires s’avère pertinente pour l’élevage en prairie, l’ombrage estival aidant les animaux. A contrario, la moindre luminosité dégrade la production des céréales.
L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) évalue l’impact sur les prairies d’élevage.
« Les résultats sont contrastés. La croissance de l’herbe change peu mais sa composition est modifiée. Les espèces présentes sous les panneaux évoluent et le couvert végétal se dégrade », relève Catherine Picon-Cochard, directrice de recherches à l’Inrae.
Pour dissiper les controverses, la loi d’accélération des énergies renouvelables de 2023 encadre les pratiques. Les panneaux solaires ne peuvent pas conduire à réduire la production agricole. Et chaque projet doit apporter au moins un des quatre avantages suivants: amélioration du rendement, adaptation au changement climatique, protection contre les aléas ou amélioration du bien-être animal.
Autant d’exigences pour « développer des projets répondant à la fois aux enjeux de souveraineté alimentaire et énergétique », selon Stéphanie-Anne Pinet.
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Le site de l’AFP
Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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