Energaïa 2025 : un salon dynamique face aux défis de la transition énergétique

La 19ème édition du salon Energaïa, tenue à Montpellier les 10 et 11 décembre, a démontré la résilience et la vitalité des énergies renouvelables en France. Malgré un contexte politique marqué par des attentes réglementaires, l’événement a battu des records de fréquentation, rassemblant 551 exposants et 22 500 professionnels. Cette affluence record, dans un secteur en pleine mutation, souligne à la fois la maturité du marché et les interrogations qui planent sur son avenir à moyen terme.

Un succès quantitatif qui masque des inquiétudes sectorielles

Contre toute attente, les allées du parc des expositions de Montpellier n’ont pas désempli. Le salon a enregistré une croissance significative avec 50 exposants supplémentaires par rapport à 2024, dont 27% d’internationaux. L’engouement s’est notamment traduit par le succès des « starter packs », des stands clés en main de 6 m², témoignant de l’arrivée de nouveaux acteurs, souvent des PME, sur le marché.

Cette dynamique commerciale positive contraste avec les préoccupations exprimées par les professionnels. Si les projections pour 2025 restent solides, avec environ 6 GW de photovoltaïque prévus au raccordement selon Enedis, les perspectives pour 2026 et 2027 sont plus incertaines. Le segment résidentiel montre des signes de ralentissement, et la visibilité sur les futurs appels d’offres, notamment pour les installations de moyenne puissance (100 à 500 kWc), reste limitée.

La PPE, une feuille de route stratégique toujours attendue

La principale source d’incertitude évoquée lors du salon reste l’absence de validation de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) 2025-2035. Ce document cadre, essentiel pour définir les objectifs et les moyens de la transition énergétique française, était initialement attendu avant l’été 2023. Son report crée un flou préjudiciable aux investissements de long terme, alors même que le gouvernement réitère son engagement pour une publication imminente.

Les trophées de l’innovation mettent en lumière des solutions d’avenir

Comme chaque année, les Trophées de l’Innovation Energaïa ont récompensé des projets prometteurs, illustrant la diversité technologique de la filière :

• Prix International : Heliorec pour son système flottant solaire résistant aux conditions maritimes extrêmes.
• Prix Déployabilité : Celsius Energy pour ses sondes géothermiques inclinées, adaptées aux milieux urbains denses.
• Prix Écosystème : Valorem pour le co-développement du premier parc éolien citoyen de Charente-Maritime.
• Prix Circularité : Voltec Solar pour son verre solaire trempé sans antimoine, conçu pour résister à la grêle.
• Prix Coup de Cœur de la Région Occitanie : SNEF pour son concept « Boat to Grid » visant à transformer les ports en hubs énergétiques intelligents.

Le stockage et l’acceptabilité locale, tendances phares de l’édition

Deux thèmes ont dominé les discussions et les présentations cette année. Premièrement, l’acceptabilité sociale et territoriale des projets, un enjeu crucial à l’approche des élections municipales. Deuxièmement, le stockage d’énergie s’est imposé comme une technologie incontournable, présente sous toutes ses formes.

Les solutions stationnaires de grande capacité, souvent intégrées dans des conteneurs maritimes (comme le modèle de 5 MWh présenté par Starcharge), côtoient désormais des systèmes modulaires pour le tertiaire et des batteries domestiques « plug-and-play ». Une tendance technologique se confirme : la batterie Lithium-Fer-Phosphate (LFP) est privilégiée pour sa sécurité et sa durée de vie, supplantant progressivement les modèles Lithium-Ion traditionnels dans les nouvelles installations.

Conclusion : un secteur robuste en quête de visibilité

Energaïa 2025 a dressé le portrait d’une filière des énergies renouvelables techniquement innovante et commercialement dynamique, mais en attente de signaux politiques clairs et pérennes. L’optimisme des acteurs, porté par des innovations concrètes dans le solaire, l’éolien, la géothermie et le stockage, devra composer avec la nécessité d’une régulation stable pour assurer la croissance du secteur au-delà de 2025. La balle est désormais dans le camp des décideurs publics pour transformer cet élan en réalité industrielle.