Un moratoire sur l’éolien et le solaire adopté à l’Assemblée nationale : les enjeux en 2025

L’Assemblée nationale française a voté ce jeudi 19 juin 2025 un moratoire sur toute installation nouvelle d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques, suite à un amendement porté par Jérôme Nury (Les Républicains) et adopté grâce à une alliance de la droite républicaine, du Rassemblement national et des élus ciottistes. Ce texte s’inscrit dans l’examen de la proposition de loi “Gremillet” sur la programmation nationale énergie et climat 2025‑2035, en cours de discussion.

Pourquoi ce moratoire ?

Selon l’amendement, aucune nouvelle demande d’autorisation, de permis ou de raccordement ne pourra être déposée ou instruite tant qu’une étude objective et indépendante sur le mix énergétique optimal ne sera pas réalisée. Selon Jérôme Nury, l’étude pourrait durer de quelques semaines à six mois. Le but invoqué : lutter contre la “saturation” des territoires, la concurrence avec l’agriculture et les risques potentiels de blackout.

Une décision contestée

Ce moratoire provoque une vive controverse :

  • Le gouvernement, incarné par le ministre Marc Ferracci, juge cette décision “parfaitement irresponsable” et “dévastatrice”, rappelant que l’étude est déjà en cours via RTE et des parlementaires.
  • Le rapporteur Antoine Armand (Renaissance) évoque une “catastrophe économique et industrielle”, avant de demander la poursuite des débats.
  • La gauche et l’extrême gauche parlent même de “sabotage délibéré” de l’intérêt national, dénonçant une manœuvre anti‑transition énergétique.

Un contexte plus large : la PPE et les objectifs 2030

Le même jour, l’Assemblée a voté un amendement de la députée socialiste Marie‑Noëlle Battistel imposant que les sources renouvelables fournissent au moins 200 TWh sur les 560 TWh d’électricité décarbonée visés d’ici à 2030, ce qui a été validé par tous les groupes sauf le RN. Cela contraste fortement avec le blocage du moratoire décidé précédemment.

Quelles étapes à venir ?

  • Vote solennel de la proposition de loi prévu le mardi 24 juin 2025, après quoi le texte retournera au Sénat pour une deuxième lecture.
  • Parallèlement, le gouvernement s’engage à publier le décret fixant la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) avant la fin de l’été.

Analyse des impacts

Pour l’industrie des renouvelables

Les professionnels alertent : ce moratoire crée une incertitude majeure, freinant les investissements, ralentissant les filières et réduisant la compétitivité de la France dans un contexte de transition déjà tardive.

Pour les territoires

Face à la saturation territoriale évoquée, le débat révèle une tension entre déploiement accéléré et acceptabilité locale. Les élus locaux demandent davantage de concertation et un vrai cadre pour éviter les conflits d’usage.

Pour la stratégie énergétique

Avec l’objectif 2030, le gouvernement et le rapporteur appellent à un mix équilibré entre nucléaire et renouvelables, insistant sur le besoin de planification, de visibilité et d’efficacité économique à long terme.

Ce moratoire sur l’éolien et le solaire marque un tournant politique fort, introduisant un frein temporaire à la transition, symbolisant la fracture entre ambition écologique et réalités territoriales. Alors que le texte doit encore franchir plusieurs étapes législatives, la publication imminente de la PPE sera décisive pour la trajectoire énergétique de la France.

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