Stockage du solaire : un enjeu stratégique face à l’explosion de la production

1. Une production solaire en pleine croissance

La capacité installée de batteries a doublé entre 2022 et 2023, passant de 8 GW à 16 GW en un seul an, ce qui reflète une prise de conscience grandissante de la nécessité du stockage face à l’essor du solaire. Cette hausse s’explique par la diminution continue des coûts du photovoltaïque et des batteries, une dynamique renforcée par les avancées technologiques sur les panneaux (pérovskites, multi‑jonctions) et les systèmes de suivi solaire.

2. Pourquoi le stockage est-il crucial ?

Les prix négatifs se multiplient : en 2024, la France a enregistré 359 heures de prix négatif sur le marché spot de l’électricité, contre 147 en 2023, une conséquence directe de la surproduction solaire en journée. Ce phénomène révèle un réseau incapable d’absorber l’énergie solaire au moment précis où elle est produite.
Le stockage par batterie est qualifié d’« assurance-vie du solaire », car il permet de lisser la production, d’optimiser l’utilisation du réseau et de retarder ou éviter des investissements massifs pour moderniser les infrastructures.

3. Les solutions déjà opérationnelles

  • Batteries stationnaires et hybrides : elles stabilisent le réseau en stockant l’énergie en période de surplus pour la restituer lors des pics de consommation.
  • Stockage hydroélectrique : l’option hydraulique par pompage-turbinage conserve encore une place prépondérante dans le mix français.
  • Projets innovants : en Guyane, certains acteurs mettent en œuvre des systèmes couplés photovoltaïque + batteries de plusieurs MW, optimisant le régime électrique local. Par ailleurs, des sites combinant solaire flottant et hydroélectricité voient le jour en métropole.

4. Perspectives de développement et freins

La programmation pluriannuelle de l’énergie mise sur un doublement du rythme d’installation du photovoltaïque d’ici 2035, mais demeure dépendante du bon déploiement des capacités de stockage. En parallèle, certains décideurs politiques appellent à réduire temporairement la croissance du solaire pour laisser le temps au réseau et à l’offre d’énergies complémentaires (éolien, nucléaire…) de s’adapter.

5. L’impact sur le mix énergétique

Le coût du stockage a chuté de manière spectaculaire, avec une division par dix en une décennie, tandis que la densité des batteries de conteneurs a triplé depuis 2021. Les nouvelles technologies lithium-fer-phosphate ou sodium‑ion réduisent en plus la dépendance au cobalt.
La variabilité du solaire ne constitue plus un obstacle, à condition d’orchestrer stockage, interconnexions et flexibilité de la consommation, permettant d’envisager des mix dépassant 70–80 % d’énergies renouvelables.

En résumé

Le stockage émerge comme le pilier essentiel d’une transition solaire réussie. Il permet de rééquilibrer l’offre et la demande, d’éviter les déséquilibres de prix, d’optimiser les infrastructures et de soutenir un déploiement ambitieux du photovoltaïque.

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