Photovoltaïque en France : entre autoconsommation, surproduction et avenir incertain

En 2025, le secteur photovoltaïque français traverse une période de transformation profonde. La baisse des tarifs de rachat de l’électricité, la montée en puissance des énergies renouvelables et les défis liés à la gestion du réseau électrique soulèvent des questions cruciales sur l’avenir de cette filière.

Des incitations à la revente en déclin

Depuis le 27 mars 2025, les tarifs de rachat pour l’électricité photovoltaïque ont connu une baisse significative. Pour les installations en autoconsommation avec revente du surplus, le tarif est passé à 4 centimes d’euro par kWh pour les puissances jusqu’à 9 kWc, contre 12,69 centimes précédemment . Cette diminution rend la revente de surplus nettement moins attractive pour les particuliers.

L’autoconsommation : une réponse pragmatique

Face à la baisse des tarifs de rachat, l’autoconsommation s’impose comme une alternative viable. Les particuliers sont encouragés à consommer directement l’électricité qu’ils produisent, réduisant ainsi leur dépendance au réseau et leurs factures énergétiques. Des primes à l’autoconsommation sont également proposées, bien que leur montant ait été réduit ces dernières années.

Le stockage : levier d’optimisation

Pour maximiser l’autoconsommation, le stockage de l’énergie devient essentiel. Les solutions incluent les batteries physiques, dont les coûts ont diminué grâce aux avancées technologiques, et les batteries virtuelles, qui permettent de « stocker » l’excédent d’électricité sur le réseau pour une utilisation ultérieure. Ces options offrent aux producteurs une plus grande autonomie énergétique et une meilleure valorisation de leur production.

Surproduction et déséquilibres du réseau

La montée en puissance de l’éolien et du solaire en France, alors que la demande ne suit pas à la même vitesse, pose de nombreux défis pour la gestion du réseau électrique, du parc nucléaire et des finances publiques. En avril 2025, des experts ont alerté sur une situation de « surproduction » d’électricité, mettant en péril la stabilité du système électrique . Luc Rémont, alors patron d’EDF, a souligné le « grand défi » posé par l’écart croissant entre l’offre et la demande d’électricité, notamment entre les sources commandables comme le nucléaire et les sources intermittentes comme les renouvelables.

Perspectives d’avenir

Le gouvernement français vise une capacité installée de 40 GW de photovoltaïque d’ici 2030, avec une part significative dédiée à l’autoconsommation. Cependant, pour atteindre cet objectif, il est crucial de maintenir un cadre réglementaire stable et de soutenir l’innovation dans le stockage et la gestion de l’énergie. La réussite de cette transition dépendra également de l’acceptation sociale et de la capacité à concilier développement énergétique et préservation de l’environnement.

Une transition énergétique en accélération

Depuis plusieurs années, la France connaît une croissance rapide des énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire. En 2023, le parc solaire a atteint une puissance de 19 047 MW, produisant 21,6 TWh, soit une augmentation de 16,5 % par rapport à 2022 . Le parc éolien terrestre, quant à lui, a produit 48,9 TWh, couvrant 11,1 % de la consommation électrique nationale.

Cette expansion rapide a conduit à une situation inédite : la production d’électricité dépasse régulièrement la demande, notamment lors des périodes de forte production solaire et éolienne. Cette surproduction pose des défis importants pour la gestion du réseau électrique et la stabilité économique du secteur.

Des conséquences sur le réseau et le parc nucléaire

La surabondance d’électricité oblige EDF à adapter la production de ses centrales nucléaires. En avril 2024, l’entreprise a dû arrêter temporairement plusieurs réacteurs pour éviter une surcharge du réseau . Cette modulation fréquente n’est pas sans risque, car elle pourrait affecter la longévité des installations nucléaires.

De plus, les coûts fixes du nucléaire rendent ces ajustements économiquement défavorables. Réduire la production sans diminuer les coûts engendre une augmentation du coût du kilowattheure, affectant la compétitivité de l’énergie nucléaire.

Un impact financier significatif

Malgré un bénéfice record de 11,4 milliards d’euros en 2024, EDF fait face à des défis financiers majeurs. L’entreprise prévoit d’investir 25 milliards d’euros par an pour moderniser ses infrastructures et développer de nouveaux réacteurs EPR2 . Cette augmentation des investissements, combinée à une dette de 65 milliards d’euros, nécessite un soutien accru de l’État et une révision des mécanismes de financement.

Par ailleurs, la fin du mécanisme de l’Arenh en janvier 2025, qui obligeait EDF à vendre une partie de sa production à un prix régulé, pourrait améliorer la rentabilité de l’entreprise, mais nécessite une nouvelle stratégie tarifaire pour assurer la stabilité du marché.

Des investissements massifs pour adapter le réseau

Pour intégrer efficacement les énergies renouvelables, RTE prévoit d’investir 100 milliards d’euros d’ici 2040 . Ces investissements visent à moderniser le réseau, renforcer les interconnexions et développer des solutions de stockage pour gérer l’intermittence de la production.

Enedis, de son côté, doit gérer l’intégration de plus d’un million de sites de production, contre 61 000 en 2010, ce qui complexifie la gestion du réseau et nécessite des solutions innovantes pour maintenir la stabilité du système électrique.

Vers une stratégie énergétique équilibrée

Face à ces défis, une approche équilibrée est essentielle. Le développement des énergies renouvelables doit s’accompagner d’une gestion efficace du parc nucléaire et d’investissements dans les infrastructures de réseau. La coordination entre les différents acteurs du secteur est cruciale pour assurer une transition énergétique réussie et économiquement viable.

En résumé, la France doit concilier la croissance des énergies renouvelables avec la stabilité du réseau et la viabilité économique du secteur énergétique.

Le photovoltaïque en France est à un tournant décisif. La transition vers l’autoconsommation et le stockage représente une opportunité pour renforcer l’autonomie énergétique et répondre aux défis climatiques. Cependant, cette évolution nécessite une vision stratégique, un soutien politique cohérent et une mobilisation collective pour surmonter les obstacles et construire un avenir énergétique durable.

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