Marché de l’électricité en France : analyse complète et perspectives 2024

Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), a récemment dressé un état des lieux encourageant du marché électrique français lors d’une intervention sur BFM Business. Alors que le gouvernement cherche des solutions pour réduire la facture des consommateurs, la régulatrice insiste sur la nécessité d’une vision durable et d’un pilotage fin entre production, réseaux et fiscalité.

Stabilisation des prix de l’électricité

Le premier constat positif concerne les prix de gros, désormais stabilisés autour de 50 à 55 €/MWh, retrouvant ainsi leur niveau d’avant-crise. Cette normalisation s’explique principalement par le rebond de la production nucléaire, revenue à son niveau nominal, et par la production élevée des énergies renouvelables, notamment hydraulique, éolienne et solaire.

« Les marchés sont très détendus », a souligné Emmanuelle Wargon, rappelant que les prix avaient atteint « plusieurs centaines d’euros, voire près de 1 000 €/MWh » pendant la crise énergétique de 2022. Cette stabilisation représente un soulagement important pour les consommateurs et les entreprises françaises.

Stabilité du réseau électrique français

Concernant les réseaux de distribution, dont la CRE a la responsabilité, la régulatrice anticipe « une hausse très limitée » pour l’été prochain, après une stabilité actée cette année. Ces coûts, qui représentent environ un tiers de la facture finale d’électricité, ne devraient donc pas contribuer à une augmentation significative des tarifs dans les mois à venir.

La robustesse du réseau électrique français constitue un atout majeur pour la transition énergétique, comme le confirment les rapports de RTE France, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité.

La question sensible de la fiscalité

La fiscalité représente l’autre tiers de la facture d’électricité, avec la TVA et les accises. Bien que le Premier ministre ait demandé des pistes pour réduire la facture, y compris par des ajustements fiscaux, Emmanuelle Wargon rappelle que ces décisions relèvent exclusivement du gouvernement et du Parlement.

La modulation des taxes doit tenir compte de contraintes budgétaires et d’arbitrages énergétiques, notamment dans la comparaison entre électricité et gaz. Ces décisions politiques influenceront directement le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises.

Le soutien aux énergies renouvelables

Interrogée sur la possibilité de réduire les subventions aux énergies renouvelables, la présidente de la CRE se montre prudente. Le soutien actuel représente environ 8 milliards d’euros par an, mais elle souligne qu’on ne peut raisonner « sur un seul millésime » alors que le système reste exposé à de nombreux aléas : sécheresse affectant l’hydraulique, maintenance nucléaire, conditions météorologiques et variations de la demande.

Elle reconnaît toutefois qu’un pilotage plus fin des volumes et des coûts est possible, y compris sur les futurs appels d’offres. Le développement des énergies renouvelables reste essentiel pour atteindre les objectifs de la Stratégie française pour l’énergie et le climat.

Exportations et marge de sécurité énergétique

La France exporte aujourd’hui près de 90 TWh par an, un niveau similaire attendu en 2025. Pour Emmanuelle Wargon, ce « surplus » doit être interprété comme une marge de sécurité essentielle, d’autant que plusieurs facteurs devraient augmenter la demande nationale : multiplication des projets de data centers, développement de la mobilité électrique et décarbonation de l’industrie.

« Une programmation énergétique claire est urgente », insiste-t-elle, alors que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) se fait encore attendre. Cette planification est cruciale pour anticiper les besoins futurs et investir en conséquence.

Opportunités pour les entreprises

Les contrats à long terme (4-5 ans) constituent une opportunité intéressante pour les PME souhaitant sécuriser leurs coûts énergétiques. Ces contrats existent déjà, mais nombreux sont les clients qui hésitent, espérant une nouvelle baisse des prix.

Pour la CRE, la « zone favorable » se situe sous les 60 €/MWh, correspondant au coût du parc nucléaire existant. Cette stabilité tarifaire pourrait favoriser les investissements des entreprises françaises.

Nécessité du nouveau nucléaire malgré l’excédent actuel

Pour Emmanuelle Wargon, l’actuel excédent de production ne change pas l’équation de long terme. Les premiers EPR ne verront le jour qu’entre 2038 et 2040, selon les prévisions d’EDF. D’ici là, de nombreux paramètres peuvent faire rebondir la demande.

Elle rappelle que la prolongation des réacteurs existants dépendra réacteur par réacteur, selon les exigences de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cette approche garantit la sécurité tout en optimisant l’exploitation du parc historique.

Compétitivité française face à l’Allemagne

La présidente de la CRE note que même avec le plan allemand visant à réduire la facture des entreprises, la France restera plus compétitive grâce à son parc nucléaire, une production renouvelable abondante et des prix de gros nettement plus bas que chez ses voisins.

Cet avantage concurrentiel constitue un atout majeur pour l’attractivité économique de la France et le maintien des emplois industriels sur le territoire national.

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