Le Maroc lance sa première usine de polysilicium pour renforcer l’industrie solaire

Le Maroc franchit une étape historique dans son développement énergétique avec la signature d’un accord majeur pour la création de sa première usine de production de polysilicium. Cette initiative stratégique, portée par un investissement de 8 milliards de dirhams (environ 730 millions d’euros), positionne le royaume comme un acteur émergent dans la chaîne de valeur mondiale de l’énergie solaire.

Un projet stratégique pour la transition énergétique du Maroc

Le samedi 22 novembre 2025, le Ministre marocain de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, Karim Zidane, a officiellement signé une convention d’investissement avec la société américaine GPM Holding. Cette signature historique s’est déroulée à Tan-Tan, dans le sud du pays, et concerne l’implantation d’une unité de production de polysilicium dans la zone industrielle d’El Ouatia.

Classé projet stratégique dès février 2024 par la Commission nationale d’investissement, cette usine représentera une capacité de production annuelle de 30 000 tonnes de polysilicium, dont 85% seront destinés à l’exportation vers les marchés internationaux.

Impacts économiques et création d’emplois

Ce projet d’envergure générera 1 500 emplois directs et plus de 2 000 emplois indirects, contribuant significativement au développement socio-économique de la région de Guelmim-Oued Noun. L’implantation de cette usine s’inscrit dans la stratégie industrielle du Maroc visant à développer des chaînes de valeur complètes dans le secteur des énergies renouvelables.

Le ministère souligne dans son communiqué que « ce projet contribuera à consolider le positionnement du Maroc en tant qu’acteur de premier plan dans le domaine des énergies renouvelables et à développer les chaînes de valeur industrielle liées à la fabrication de composants pour panneaux solaires ».

Coopération institutionnelle et développement territorial

Un protocole de coopération institutionnelle a été signé entre le ministère, GPM Holding, la province de Tan-Tan et la région administrative de la Wilaya de Guelmim-Oued Noun. Cet accord vise à soutenir le développement d’un écosystème industriel intégré et à renforcer les efforts de formation locale, garantissant ainsi la pérennité du projet et son ancrage territorial.

Le polysilicium, matériau essentiel à l’énergie solaire

Le polysilicium est la matière première fondamentale pour la fabrication de panneaux photovoltaïques. Sa production au Maroc permettra de réduire la dépendance aux importations et de créer une filière solaire complète, depuis la matière première jusqu’aux panneaux finis. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), la demande mondiale en polysilicium devrait croître de manière significative dans les prochaines années, portée par le développement accéléré de l’énergie solaire.

Contexte énergétique marocain et perspectives solaires

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie énergétique ambitieuse du Maroc, qui vise à porter la part des énergies renouvelables à 52% de son mix électrique d’ici 2030. Une étude récente sur le solaire décentralisé, menée début novembre 2025, a établi que les petits systèmes photovoltaïques pourraient produire jusqu’à 66,8 TWh d’électricité au Maroc.

Cette capacité photovoltaïque potentielle, estimée à environ 28,58 GW, représenterait un marché économique de 31,08 milliards de dollars et permettrait d’éviter près de 48,19 millions de tonnes d’émissions de CO₂. Le développement de la filière polysilicium renforcera ainsi considérablement la compétitivité de l’industrie solaire marocaine, comme le confirment les analyses de l’Agence internationale de l’énergie.

Positionnement régional et international

Avec cette nouvelle usine, le Maroc se positionne comme un hub industriel pour les énergies renouvelables en Afrique et dans le bassin méditerranéen. Le projet s’aligne sur les objectifs de développement durable des Nations Unies et contribue aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique, renforçant la crédibilité internationale du royaume en matière de transition énergétique.