Dans un marché énergétique marqué par une volatilité croissante et la multiplication des épisodes de prix bas voire négatifs, la mesure de la performance réelle des centrales solaires nécessite des outils plus précis que les indicateurs traditionnels. Alors que les producteurs français sont rémunérés sur la base d’un prix moyen mensuel (M0), cette référence ne reflète pas la valeur réellement captée par chaque installation. Le capture price émerge comme l’outil indispensable pour mesurer la véritable performance économique des actifs solaires.
Le mécanisme de rémunération des producteurs photovoltaïques français, qu’il s’agisse d’agrégation ou de complément de rémunération, repose sur le prix moyen mensuel M0. Comme le souligne la Commission de régulation de l’énergie (CRE), cet indicateur constitue une référence moyenne de filière, mais son mode de calcul lisse une partie des signaux de marché. Deux centrales aux profils de production différents peuvent ainsi capter des valeurs distinctes tout en étant rémunérées sur la même base mensuelle. Cet écart entre le prix « moyen » et le prix réellement capté représente un enjeu économique majeur pour la rentabilité des installations solaires.
Contrairement au M0, le capture price permet d’évaluer précisément la valeur horaire ou infrahoraire réellement captée par une centrale photovoltaïque. Cette approche repose sur deux piliers fondamentaux :
L’objectif n’est pas de prédire un futur incertain, mais de répondre à une question essentielle : comment ce projet aurait-il performé s’il avait été en exploitation ces dernières années ? Compte tenu de l’inertie du parc solaire français, cette analyse historique révèle la prédisposition structurelle d’un projet pour les années à venir.
L’analyse du capture price « tel qu’il aurait été » permet d’identifier les caractéristiques intrinsèques d’un projet photovoltaïque. Un actif qui profite naturellement des heures de prix élevés continuera, par construction, à se situer dans la partie haute du marché. Cette approche fournit ainsi une vision structurelle de la performance économique potentielle d’une installation.
Un projet qui « out-performe » le M0 n’est pas simplement chanceux : son profil de production coïncide avec les moments où les prix sont supérieurs à la moyenne, correspondant généralement aux périodes de forte demande électrique. Les trackers solaires, par exemple, optimisent la production en retardant la baisse de production l’après-midi et en avançant légèrement la montée en puissance le matin. Ces créneaux coïncident fréquemment avec des prix mieux valorisés par le système électrique, permettant à ces projets de capter mécaniquement plus de valeur que la moyenne mensuelle M0.
Les différences de capture price entre technologies ne sont pas anecdotiques. Les analyses comparatives révèlent des écarts persistants :
Sur trois années consécutives, ces écarts peuvent se traduire par des différences de +2,7 €/MWh à +3,6 €/MWh pour les trackers, contre seulement +0,3 €/MWh à +0,5 €/MWh pour les installations fixes. Pour un actif de taille respectable, ces écarts représentent plusieurs dizaines de milliers d’euros de revenus supplémentaires annuels.
La compréhension du capture price devient un outil essentiel dans un marché qui évoque de plus en plus les prix négatifs, la cannibalisation et l’efficacité horaire. Ces écarts de performance conditionnent directement :
Comme le démontrent les études de REN21 sur les énergies renouvelables, la différenciation technologique devient un facteur clé de compétitivité dans les marchés énergétiques matures.
Dans un marché où la valeur se joue désormais au pas de 15 minutes, comprendre comment une centrale se positionne face au M0 n’est plus un exercice académique mais une variable stratégique pour les propriétaires d’actifs, les investisseurs et les agrégateurs. Le M0 fournit un cadre utile mais masque la diversité réelle des projets. Le capture price, quant à lui, révèle leur signature économique unique.
Alors que le secteur photovoltaïque français continue sa croissance, comme en témoignent les statistiques du Service des données et études statistiques, une évidence s’impose : tous les projets photovoltaïques ne devraient pas être valorisés de la même manière. Encore faut-il savoir pourquoi, et pouvoir le prouver grâce à des outils d’analyse précis comme le capture price.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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