Lors d’un webinaire organisé par pv magazine dans le cadre de la pv magazine Week Europe 2025, les experts du secteur solaire ont dressé un tableau prospectif des technologies photovoltaïques. Leur consensus ? Les cellules à contacts arrière (back contact, ou BC) pourraient atteindre une part de marché comparable à celle du TOPCon d’ici la fin de la décennie, avant une transition progressive vers les cellules tandem au début des années 2030.
Molly Morgan, analyste principale chez CRU International, a détaillé les conditions de cette convergence. Selon les prévisions internes de son entreprise, la technologie BC doit maintenir un avantage d’efficacité moyen de 1,2 % à 1,3 % sur le TOPCon pour parvenir à une équivalence en coût par watt. « Nous pensons que le back contact atteindra un niveau équivalent et la parité de coûts avec le TOPCon avant la fin de la décennie », a-t-elle déclaré. « C’est pourquoi nous anticipons une coexistence des deux technologies entre 2028 et 2030. »
Actuellement, le TOPCon (Tunnel Oxide Passivated Contact) reste la technologie dominante sur le marché, principalement grâce à ses coûts de production particulièrement bas. Cet avantage économique explique pourquoi certains fabricants hésitent encore à s’engager pleinement dans le back contact. Cependant, Molly Morgan observe une préparation active du secteur.
« De nombreux industriels exposent déjà des lignes pilotes BC et des modules BC lors des salons professionnels », note-t-elle. « Même si ces fabricants ne produisent pas encore leurs propres cellules ou modules BC à l’échelle commerciale, ils se préparent activement à basculer du TOPCon standard vers des architectures TOPCon-BC lorsque les conditions de marché seront plus favorables, ce que nous envisageons à partir de 2028 au plus tôt. »
En revanche, CRU estime que les cellules à hétérojonction (HJT) auront du mal à rivaliser avec le TOPCon, en raison de coûts de fabrication plus élevés, à moins d’offrir un avantage d’efficacité significatif – un scénario jugé peu probable de manière générale.
Au-delà de 2030, les experts prévoient une montée en puissance rapide des technologies tandem, motivée par la quête d’efficacités toujours plus élevées. « Seules les structures tandem permettront de franchir de nouveaux seuils de performance », a expliqué Molly Morgan.
Les tandems pérovskite-silicium sont particulièrement prometteurs, avec des rendements théoriques très élevés. Ed Crossland, directeur technique d’Oxford PV, une entreprise pionnière dans ce domaine, a partagé la feuille de route de sa société. « Notre produit actuel atteint 25 % d’efficacité au niveau module, avec une dégradation sur le terrain d’environ 2 %. En 2027, nous visons 27 % avec un taux de dégradation inférieur ou égal à 1 % », a-t-il indiqué. « À ce stade, la technologie tandem pérovskite-silicium deviendra un choix évident pour bien plus d’applications qu’aujourd’hui. »
Radovan Kopecek, directeur de l’ISC Konstanz, partage cette vision à long terme tout en soulignant le rôle crucial des technologies BC dans la transition énergétique avant l’essor massif des tandems. « Si l’on se base sur les prévisions de Molly Morgan, nous parlons d’une production mondiale de 2 à 3 TW à cet horizon. D’ici là, je ne pense pas que les tandems auront gagné une bancabilité suffisante pour être déployés à l’échelle du térawatt », a-t-il commenté. « En revanche, plusieurs gigawatts seront certainement réalisés. »
Radovan Kopecek a également évoqué le potentiel des architectures tandem à trois terminaux comme solution d’avenir pour dépasser les 30 % d’efficacité, une voie explorée par des brevets visant à interconnecter directement des dispositifs BC et des couches pérovskites.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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