La publication de la nouvelle Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), feuille de route stratégique qui doit définir la politique énergétique de la France pour la décennie à venir, est officiellement reportée. Alors que le gouvernement assurait récemment que le dossier était une priorité, Matignon a indiqué à l’AFP que le calendrier « n’est pas arrêté à ce stade », renvoyant toute annonce au début de l’année 2025. Ce report, qui intervient après deux ans de retard, illustre les tensions politiques profondes sur la transition énergétique française.

Un texte stratégique en attente face aux divisions politiques

La PPE est un document-clé qui fixe les objectifs de mix énergétique, notamment la part entre énergie nucléaire et énergies renouvelables (éolien, solaire). Son élaboration est paralysée par des désaccords majeurs, en particulier entre la majorité présidentielle et le Rassemblement National, farouchement opposé au développement de l’éolien terrestre. Ces divisions expliquent en grande partie les atermoiements autour de sa publication, initialement prévue il y a plusieurs années.

Malgré les promesses du Premier ministre Sébastien Lecornu de prendre des « décisions d’ici Noël », le dossier reste dans l’impasse. Le gouvernement justifie ce délai supplémentaire par la volonté de faire de la PPE un « temps fort de dialogue » national, plutôt qu’une publication technique noyée dans l’actualité politique.

Un travail sur le fond quasi-finalisé selon le gouvernement

Selon l’entourage du ministre délégué à l’Énergie, Roland Lescure, le contenu technique de la PPE est pratiquement achevé. « Le travail sur le fond est quasiment finalisé », a-t-on assuré, précisant que des consultations avec l’ensemble des groupes parlementaires étaient en cours. Cette phase de concertation est cruciale pour tenter de dégager un consensus, même fragile, autour d’une stratégie énergétique de long terme.

Le ministère de l’Économie souligne que la future PPE doit s’articuler avec d’autres feuilles de route récentes, comme la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) et les dernières prévisions du gestionnaire du réseau électrique, RTE. Dans son rapport de décembre 2024, RTE a révisé à la baisse ses prévisions de consommation d’électricité à l’horizon 2035, pointant du doigt le retard français dans l’électrification des usages.

L’électrification des usages, pilier de la future stratégie

Ce constat est au cœur des réflexions du gouvernement. La future PPE ne se contentera pas de planifier les capacités de production ; elle doit s’accompagner d’un « grand plan autour de l’électrification des usages ». L’objectif est de substituer l’électricité bas-carbone (à 95% décarbonée en France) aux énergies fossiles dans les transports, le chauffage des logements et les procédés industriels.

La trajectoire de déploiement des énergies renouvelables terrestres (éolien et solaire) sera donc directement adossée à cette stratégie d’électrification massive. Il s’agit d’un changement de paradigme : la production doit répondre à une demande nouvelle, qu’il faut stimuler et organiser.

Vers une publication en 2026 et des décisions structurantes

Si des éléments de calendrier doivent être communiqués début 2025, la publication intégrale de la PPE et son débat au Parlement ne sont pas attendus avant 2026. Ce délai laisse présager une année 2025 de discussions intenses et de négociations politiques sur un sujet qui engage l’avenir industriel, environnemental et économique du pays.

Ce report maintient l’incertitude pour l’ensemble des acteurs de la filière énergétique, des investisseurs aux collectivités locales, qui attendent des signaux clairs pour planifier leurs actions. La capacité du gouvernement à bâtir un compromis durable sur l’énergie sera un test majeur pour la suite du quinquennat.

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