L’autoconsommation électrique : enjeux et solutions pour un réseau en mutation

Lors de l’Université de l’autoconsommation organisée par Enerplan, une table ronde réunissant des experts du secteur a permis d’échanger sur les adaptations nécessaires du système électrique face à l’essor de l’autoconsommation. Les intervenants, dont Michel Gioria (Directeur général du SERCE), Yannick Jacquemart (Directeur Transformation de l’Exploitation du Système électrique et Intégration des Flexibilités chez RTE), Amaury Korniloff (Vice-président d’Enerplan, en charge flexibilité et stockage, et investisseur chez ZE ENERGY), et Elika Saidi Chalopin (Directrice Adjointe Technique au CONSUEL), ont partagé leurs perspectives sur les défis à relever.

Un système électrique en pleine mutation

L’introduction, menée par Michel Gioria, a souligné que la généralisation de l’autoconsommation impose une transformation profonde du réseau électrique. Il a mis en avant les défis pour les électriciens indépendants, notamment la nécessité de revoir les mécanismes de pilotage, les contraintes de raccordement et la coopération avec les acteurs des énergies renouvelables. Pour le SERCE, syndicat des entreprises de l’électricité, du génie climatique et des énergies renouvelables, la priorité est de développer une culture technique autour de l’intégration des énergies distribuées. Cela passe par le déploiement des smart grids, la digitalisation des réseaux et une meilleure coordination avec les gestionnaires locaux.

RTE : la flexibilité au cœur de la stabilité du réseau

Yannick Jacquemart a présenté la feuille de route de RTE, le gestionnaire du réseau de transport français, pour s’adapter à un système électrique de plus en plus décentralisé. Il a insisté sur le rôle central de la flexibilité, qu’elle provienne des batteries, du pilotage de la demande, de l’effacement ou de l’hydrogène. Selon lui, « l’autoconsommation ne doit pas être un élément perturbateur, mais une composante intégrée du réseau », à condition d’être correctement orchestrée. RTE mène actuellement des expérimentations, notamment avec des agrégateurs et des plateformes de flexibilité, pour faciliter les échanges entre producteurs, consommateurs et réseaux dans un écosystème coordonné.

La filière solaire : stockage et marchés de flexibilité

Amaury Korniloff a souligné que l’autoconsommation ne pourra devenir un levier efficace qu’en s’appuyant sur des outils de stockage et des marchés de flexibilité. Il a pointé du doigt les modèles économiques actuels, qui ne permettent pas encore de rémunérer correctement les services du stockage, pourtant essentiels pour valoriser l’électricité lors des périodes critiques. Il a plaidé pour des incitations réglementaires, une tarification plus fine du réseau et des mécanismes de compensation entre producteurs-consommateurs. En tant qu’investisseur, il a également insisté sur la nécessité d’une visibilité réglementaire pour mobiliser davantage de capitaux dans la filière.

CONSUEL : garantir la sécurité des installations

Elika Saidi Chalopin, représentant le CONSUEL, organisme en charge de la conformité des installations électriques en France, a abordé la question cruciale de la sécurité. Elle a rappelé que les installations photovoltaïques raccordées au réseau doivent respecter des normes strictes pour éviter les risques électriques et assurer la compatibilité avec le réseau. Face à l’émergence de nombreux petits producteurs, le CONSUEL souhaite renforcer les contrôles, la formation des professionnels et la normalisation pour prévenir les défaillances.

Vers un système électrique plus collaboratif

La table ronde a mis en lumière l’importance d’une coopération systémique entre les producteurs distribués, les gestionnaires de réseau, les fournisseurs d’énergie et les régulateurs. Le réseau électrique ne peut plus être conçu comme une structure passive ; il doit devenir interactif et intelligent. Les smart grids et la digitalisation sont des leviers clés pour y parvenir, comme le souligne l’Agence Internationale de l’Énergie dans ses rapports sur la transition énergétique.

Conclusion : une transition optimiste mais exigeante

La conclusion de cette table ronde est optimiste mais prudente : l’autoconsommation peut devenir un pilier de la décarbonation, mais cela nécessite des avancées réglementaires, technologiques et une coordination renforcée entre tous les acteurs. La mutation du système électrique est en cours, et l’autoconsommation représente non pas un défi isolé, mais un levier à intégrer dans la stratégie globale du réseau.

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