Électrification de la France : le président du SER appelle à une mobilisation générale



Alors que le gouvernement français évalue l’impact financier des énergies renouvelables, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), Jules Nyssen, tire la sonnette d’alarme. Pour lui, l’urgence n’est pas au doute mais à l’action : il est temps de profiter de l’abondance d’électricité décarbonée pour accélérer la transition énergétique et électrifier massivement l’économie. Cet appel intervient dans un contexte d’incertitude politique et réglementaire qui freine les investissements.

Une stratégie énergétique française en suspens

Jules Nyssen dresse un constat sans appel : la France navigue à vue en matière de politique énergétique. L’absence de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) actualisée crée un flou préjudiciable, notamment pour les investisseurs. Ce vide stratégique coexiste avec des objectifs hérités, comme la fermeture de quatorze réacteurs nucléaires d’ici 2035, que le gouvernement ne compte visiblement pas appliquer à la lettre. « Pour relancer le programme nucléaire, il faut une aide publique », rappelle Nyssen, soulignant que toutes les filières de production nécessitent un soutien dans le contexte actuel.

Le paradoxe de l’abondance électrique

Une question centrale agite le débat : la France produit-elle trop d’électricité ? Grâce aux investissements passés dans le nucléaire et plus récents dans les renouvelables, le pays bénéficie d’une électricité parmi les moins chères d’Europe, autour de 50 €/MWh contre plus de 85 € en Allemagne. Cependant, ce prix de marché ne couvre pas les coûts complets de production, quelle que soit la filière. « Avec une électricité à 50 euros, on ne couvre ni la filière nucléaire, ni celles des renouvelables », explique le président du SER, rejetant l’idée de désigner les énergies renouvelables comme bouc émissaire. Un prix bas, s’il est une aubaine pour le pouvoir d’achat et la compétitivité, nécessite en réalité un soutien public accru à la production – un investissement pour l’avenir.

L’électrification, clé de la transition énergétique

Avec un mix électrique déjà décarboné à 95%, la France est en première ligne pour réussir l’électrification de ses usages : transports, chauffage, industrie. Pour Jules Nyssen, c’est le moment de « sonner la mobilisation générale ». L’abondance d’électricité propre et souveraine est une opportunité historique, non un problème. Il dénonce la tentation de renoncer à des objectifs ambitieux sous prétexte d’un déséquilibre temporaire entre l’offre et la demande. La PPE, rappelle-t-il, ne vise pas à injecter des électrons à court terme, mais à programmer les investissements nécessaires pour le moyen et long terme. Renoncer aujourd’hui, c’est hypothéquer la capacité à répondre à la demande future, qui augmentera avec l’électrification.

Vers une société électrique

Le défi est désormais de stimuler la demande pour cette électricité décarbonée. « On a un bien stratégique, l’électricité, en abondance, totalement décarboné et souverain, produit sur le territoire national. Qu’est-ce qu’on fait pour amener les gens à consommer ça ? », interroge Nyssen. La réussite passe par des politiques publiques volontaristes pour accompagner le changement dans les habitudes de consommation et les processus industriels. Il s’agit d’entrer dans « l’ère de la société électrique », en veillant à ce que chaque nouvelle capacité de production ajoutée soit la plus économe possible pour les finances publiques et contribue activement à cet objectif d’électrification.

Pour approfondir les enjeux de la transition énergétique en Europe, vous pouvez consulter les analyses de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE).


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