Dans une interview récente sur BFM Business, Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), a présenté une analyse complète du marché électrique français. Alors que le gouvernement cherche des solutions pour réduire la facture des consommateurs, la régulatrice insiste sur la nécessité d’une vision énergétique durable et d’un pilotage fin entre production, réseaux et fiscalité.
Le premier constat rassurant concerne les prix de gros, désormais stabilisés autour de 50 à 55 €/MWh, retrouvant ainsi leur niveau d’avant-crise. Cette normalisation s’explique principalement par deux facteurs : le rebond de la production nucléaire, revenue à son niveau nominal, et la performance élevée des énergies renouvelables, notamment hydraulique, éolienne et solaire.
« Les marchés sont très détendus », a souligné Emmanuelle Wargon, rappelant que pendant la crise énergétique, les prix avaient atteint « plusieurs centaines d’euros, voire près de 1 000 €/MWh » selon les données de RTE, le gestionnaire du réseau français.
Concernant les réseaux de distribution, dont la CRE a la responsabilité, la régulatrice anticipe « une hausse très limitée » pour l’été prochain, après une stabilité actée cette année. Ces coûts, qui représentent environ un tiers de la facture finale d’électricité, ne devraient donc pas contribuer à une augmentation significative des tarifs dans les mois à venir.
Sur le volet fiscal, qui représente également un tiers de la facture, Emmanuelle Wargon rappelle que les décisions relèvent exclusivement du gouvernement et du Parlement. Alors que le Premier ministre a demandé des pistes pour réduire la facture, incluant des ajustements fiscaux, la présidente de la CRE souligne que toute modulation doit tenir compte des contraintes budgétaires et des arbitrages énergétiques, notamment entre électricité et gaz.
Interrogée sur la possibilité de réduire les subventions aux énergies renouvelables, qui représentent environ 8 milliards d’euros par an, Emmanuelle Wargon se montre prudente. Elle estime qu’on ne peut raisonner « sur un seul millésime » alors que le système reste exposé à de multiples aléas : sécheresse affectant l’hydraulique, maintenance nucléaire, variations météorologiques et fluctuations de la demande.
La régulatrice reconnaît toutefois qu’un pilotage plus fin des volumes et des coûts est possible, y compris sur les futurs appels d’offres, comme le prévoit la Programmation pluriannuelle de l’énergie.
La France exporte actuellement près de 90 TWh par an, un niveau similaire attendu en 2025. Pour Emmanuelle Wargon, ce « surplus » doit être interprété comme une marge de sécurité essentielle, d’autant que plusieurs facteurs devraient augmenter la demande nationale : multiplication des projets de data centers, développement de la mobilité électrique et besoins croissants de la décarbonation industrielle.
« Une programmation énergétique claire est urgente », insiste-t-elle, alors que la révision de la Programmation pluriannuelle de l’énergie se fait encore attendre.
La CRE souligne l’opportunité que représentent les contrats long terme pour les PME, permettant de sécuriser un prix sur 4 à 5 ans. Ces contrats existent déjà mais rencontrent une certaine réticence des clients, qui espèrent encore une baisse des prix. Pour la Commission, la « zone favorable » se situe sous les 60 €/MWh, correspondant au coût du parc nucléaire existant.
Malgré l’excédent actuel de production, Emmanuelle Wargon rappelle que les premiers EPR ne verront le jour qu’entre 2038 et 2040. D’ici là, de nombreux paramètres peuvent faire rebondir la demande. Elle précise que la prolongation des réacteurs existants dépendra réacteur par réacteur, selon les exigences de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Enfin, la présidente de la CRE confirme la compétitivité française face à l’Allemagne, même avec le plan allemand visant à réduire la facture des entreprises. Cette avantage s’explique par le parc nucléaire français, une production renouvelable abondante et des prix de gros nettement plus bas que chez nos voisins européens.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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