Black-out massif en Espagne et au Portugal : comprendre les causes et les enjeux pour l’avenir énergétique européen

Un incident sans précédent sur le réseau ibérique

Le 28 avril 2025 à 12h33, un black-out d’une ampleur exceptionnelle a plongé l’Espagne et le Portugal dans le noir, affectant environ 60 millions de personnes. Les transports, les communications, les hôpitaux et les services essentiels ont été gravement perturbés. La France, grâce à ses protections réseau, a évité la propagation de la panne. La réalimentation s’est effectuée progressivement via les interconnexions avec la France et le Maroc, permettant un rétablissement quasi complet du réseau ibérique dans la nuit du 28 au 29 avril.

Des causes multiples encore à l’étude

Les investigations menées par Red Eléctrica de España (REE), REN (Portugal), RTE (France) et l’Agence européenne de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) convergent vers une série d’événements techniques complexes. Des oscillations interrégionales ont été détectées entre 12h03 et 12h22, aboutissant à une déconnexion du réseau ibérique du reste de l’Europe à 12h33. La fréquence est alors tombée à 49,2 Hz, déclenchant des arrêts automatiques de production.

Parmi les hypothèses étudiées :

  • Une perte soudaine de 15 GW de production, notamment solaire, dans le sud-ouest de l’Espagne.
  • Une défaillance des protections automatiques du réseau, incapables de contenir la propagation de l’incident.
  • Une possible désynchronisation liée à l’interconnexion avec la France, bien que RTE ait écarté l’hypothèse d’un incendie en Occitanie.

Les pistes d’une cyberattaque ou d’un phénomène météorologique rare ont été rapidement écartées par les autorités espagnoles et portugaises.

Le rôle controversé des énergies renouvelables

Au moment de la panne, plus de 70 % de l’électricité espagnole provenait du solaire et de l’éolien. Cette forte proportion de sources intermittentes, dépourvues d’inertie mécanique, a pu fragiliser la stabilité du réseau face aux perturbations. Toutefois, les autorités, dont la vice-présidente de la Commission européenne Teresa Ribera, appellent à ne pas tirer de conclusions hâtives contre les renouvelables. Elles soulignent plutôt la nécessité d’investir dans des solutions de stockage (batteries, stations de pompage) et dans des infrastructures de réseau plus résilientes.

Une réponse européenne coordonnée

L’Union européenne a lancé une enquête indépendante pilotée par un gestionnaire de réseau d’un autre État membre, avec le soutien de l’ENTSO-E et de l’ACER. Un rapport détaillé est attendu dans les six mois, incluant une reconstitution seconde par seconde de l’incident et des recommandations pour renforcer la sécurité des réseaux électriques européens.

Enjeux pour la France et le futur énergétique européen

Cet incident met en lumière les défis posés par la transition énergétique : intégration massive des renouvelables, nécessité de maintenir la stabilité du réseau, importance des interconnexions transfrontalières. La France, avec un mix énergétique différent et une forte part de nucléaire, doit néanmoins tirer les leçons de cet événement pour anticiper les risques et adapter ses infrastructures.

La stabilité du système électrique n’est pas un angle mort de nos analyses. Les prochaines semaines seront cruciales pour analyser factuellement ces questions, sur la base de données complètes et dans le cadre européen prévu à cet effet.

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