La publication du bilan prévisionnel 2025 de RTE (Réseau de Transport d’Électricité) offre une photographie cruciale des trajectoires possibles du système électrique français à l’horizon 2035. Ce document stratégique, loin d’être un simple exercice de prospective, sonne comme un avertissement clair : la France n’est pas sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs climatiques et énergétiques. Il appelle à un sursaut immédiat et structuré de l’action publique pour corriger le tir.
Contrairement aux prévisions des schémas directeurs, la consommation d’électricité en France stagne. Cette situation n’est pas le fruit d’une politique ambitieuse d’efficacité énergétique, mais plutôt le résultat d’un soutien public erratique et sous-dimensionné à l’électrification des usages, destinée à remplacer les énergies fossiles. L’instabilité des dispositifs d’aide, comme le montre la chute des budgets pour l’électrification des transports, prive les acteurs économiques et les citoyens de la visibilité nécessaire pour investir sereinement dans la sortie du fossile.
Le Réseau Action Climat et de nombreux experts plaident pour la mise en place d’une feuille de route claire, pérenne et suffisamment dotée. Une politique en dents de scie, comme les revirements fréquents sur les aides à la rénovation des bâtiments ou à la décarbonation de l’industrie, freine l’innovation et les investissements de long terme, pourtant indispensables.
La stagnation actuelle de la consommation est parfois instrumentalisée par des discours défaitistes préconisant l’arrêt du soutien aux filières renouvelables. Cette vision est dangereusement myope. Les projets lauréats des appels d’offres lancés aujourd’hui ne produiront qu’autour de 2030. Interrompre le développement des renouvelables maintenant, c’est hypothéquer notre capacité future à produire une électricité décarbonée et à électrifier notre économie.
Les énergies renouvelables sont bien plus qu’une source d’électrons verts. Elles sont des leviers de développement territorial et de création d’emplois non délocalisables. Les projets co-portés par des collectivités, des citoyens et des acteurs économiques ancrent la valeur localement. Par ailleurs, abandonner ces filières reviendrait à céder le marché mondial à d’autres puissances, comme la Chine qui domine la chaîne de valeur solaire, et à sacrifier des dizaines de milliers d’emplois potentiels dans l’éolien (avec des usines en France) et le photovoltaïque.
Au-delà du développement des renouvelables, le bilan de RTE met en lumière d’autres priorités pour construire un système électrique résilient et décarboné.
RTE confirme les bénéfices majeurs d’un réseau électrique européen intégré. Les interconnexions permettent de mutualiser les ressources, d’accéder à l’électricité au meilleur coût et d’améliorer la sécurité d’approvisionnement pour tous. La crise de 2022, lors de l’arrêt simultané d’une partie du parc nucléaire français, a démontré leur rôle indispensable. Leur développement doit rester une priorité.
Face à la surcapacité électrique actuelle, RTE ouvre la porte à un débat nécessaire sur la « mise sous cocon » temporaire de certains réacteurs nucléaires. Cette mesure, consistant à arrêter provisoirement des réacteurs tout en conservant la possibilité de les redémarrer, permettrait de lisser dans le temps la fermeture inéluctable des réacteurs les plus anciens. Elle éviterait un « effet falaise » aux conséquences potentiellement brutales pour le système électrique, tout en permettant une meilleure intégration des énergies renouvelables variables.
Le bilan RTE 2025 est plus qu’un diagnostic ; c’est un plan d’action. Il appelle les décideurs à conjuguer ambition climatique et pragmatisme industriel. L’heure n’est plus aux hésitations mais à la mise en œuvre d’une stratégie cohérente, stable dans le temps, qui combine sobriété, efficacité énergétique, déploiement accéléré des renouvelables, modernisation des réseaux et gestion anticipée du parc nucléaire. C’est à cette condition que la France pourra tenir ses engagements climatiques et assurer sa souveraineté énergétique.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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