La transition vers les EnR nécessite une nouvelle approche en matière de sécurité énergétique; l’UE pointe la dépendance à la Chine - PV SOLAIRE ÉNERGIE

La transition vers les EnR nécessite une nouvelle approche en matière de sécurité énergétique; l’UE pointe la dépendance à la Chine

Francesco La Camera, directeur général de l’IRENA

La réunion de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) s’est déroulée mi-avril à Abou Dhabi. L’occasion pour l’IRENA de présenter un nouveau rapport. Cette étude intitulée « Géopolitique de la transition énergétique : la sécurité énergétique » décrit un concept de sécurité énergétique multidimensionnel pour le 21ème siècle. Lors de l’événement, l’UE a communiqué pour sa part un message essentiel à savoir qu’il serait « très dangereux » de dépendre uniquement de la Chine comme fournisseur.
La transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables nécessite une nouvelle interprétation du concept de sécurité énergétique. Ce concept évolutif de sécurité énergétique doit répondre à la demande énergétique, à la flexibilité du système, à l’accès à la technologie et au développement des infrastructures. « Le système énergétique subit une profonde transformation, et les énergies renouvelables sont vouées à apporter une plus grande résilience grâce à la décentralisation et à une plus grande dépendance aux sources nationales. Il est essentiel de façonner cette résilience de manière proactive grâce à des politiques et des investissements prévoyants. Même si les leçons de l’ère des combustibles fossiles peuvent éclairer certains aspects de la transition, une approche holistique prenant en compte les attributs uniques des énergies renouvelables et modernisant les stratégies économiques, sociales et diplomatiques est nécessaire » a indiqué le directeur général de l’IRENA, Francesco La Camera. 

Nécessité d’une réflexion holistique
La nature systémique de la transition en cours et ses vastes impacts sociaux et économiques justifient une réflexion holistique qui englobe, entre autres, la technologie et ses chaînes de valeur, la flexibilité des systèmes, les effets du changement climatique, la demande énergétique et la sécurité humaine. « L’évolution du système énergétique nécessite une stratégie de sécurité qui intègre les préoccupations environnementales, les tendances économiques et les ramifications sociales. Les technologies, et non les carburants, sont la pièce maîtresse du nouveau système énergétique. En revisitant les approches traditionnelles en matière de sécurité et en identifiant les facteurs émergents, ce rapport cherche à doter les décideurs politiques d’une meilleure compréhension de la sécurité énergétique à l’ère des énergies renouvelables » a ajouté Francesco La Camera.
EnR : 75% du mix énergétique en 2050
Selon les Perspectives des transitions énergétiques mondiales de l’IRENA, les énergies renouvelables représenteraient les trois quarts du mix énergétique mondial d’ici 2050. L’électricité deviendrait le principal vecteur énergétique, couvrant plus de 50 % de la consommation d’ici 2050. Le système basé sur les énergies renouvelables se caractérise par une électrification élevée et l’efficacité énergétique, complétée par l’hydrogène vert et la biomasse durable. L’IRENA estime également que 11 térawatts de capacité d’énergie renouvelable installée seront nécessaires d’ici 2030, ce qui nécessitera un triplement de l’énergie renouvelable et un doublement de l’efficacité énergétique, comme l’a affirmé la COP28. En conséquence, des changements géopolitiques majeurs devraient profondément influencer la dynamique du commerce énergétique, modifier les dépendances internationales et remodeler le paysage géopolitique. Le commerce transfrontalier de l’électricité prendra de l’importance, favorisant des bénéfices mutuels, contrairement aux dépendances asymétriques du secteur pétrolier et gazier.
Des chaînes d’approvisionnement technologiques résilientes seront essentielles
Le nouveau rapport de l’IRENA indique que la sécurité énergétique à l’ère des énergies renouvelables devra évoluer dans plusieurs domaines clés. Il affirme que des chaînes d’approvisionnement technologiques résilientes seront essentielles pour soutenir la transition, tant pour les pays développés que pour les pays en développement. En outre, les considérations sécuritaires et politiques seront la clé du déploiement réussi de l’infrastructure nécessaire au soutien de systèmes énergétiques flexibles basés sur les énergies renouvelables. Cette infrastructure doit être très résiliente aux événements météorologiques extrêmes, tandis que les cybermenaces, les attaques physiques ou une combinaison des deux prennent une place prépondérante dans des systèmes hautement électrifiés et numérisés.
La sécurité humaine sera tout aussi importante, selon le rapport, en particulier pour les utilisateurs finaux de l’énergie, notamment dans les domaines de l’insécurité hydrique et alimentaire, des maladies, de la marginalisation économique, des inégalités et de la pauvreté énergétique. En outre, la demande énergétique, en particulier en Afrique et en Asie, a de profondes implications géopolitiques sur les marchés mondiaux de l’énergie, les modèles commerciaux et les alliances stratégiques, indique le rapport. La gérer par le biais de politiques et d’investissements en matière d’efficacité énergétique peut contribuer à atténuer la concurrence sur les ressources et les marchés. Enfin, le rapport appelle à ce que les effets du changement climatique soient pris en compte dans les considérations de sécurité énergétique et indique que les énergies renouvelables devraient être exploitées pour fournir des solutions rentables, intégrées et fiables pour l’adaptation au climat.
« Tout le monde devrait faire de son mieux pour garantir la décentralisation de l’offre »
Dans ce contexte, l’UE a donné de la voix exhortant à ne pas dépendre uniquement de la Chine pour atteindre les objectifs d’énergie renouvelable « Le monde devrait garantir la diversité des chaînes d’approvisionnement et instaurer un cadre pour suivre les progrès en vue de tripler la capacité renouvelable mondiale d’ici 2030. Nous ne devrions pas créer une dépendance très dangereuse vis-à-vis d’un seul fournisseur », a ainsi souligné Kadri Simson, commissaire européenne à l’Energie, à Abou Dhabi. Actuellement, la plupart des emplois dans la chaîne d’approvisionnement en énergie solaire en amont sont situés en Chine — et le pays gagne des parts de marché dans le secteur éolien également.
La commissaire a ajouté que l’UE est « prête à s’engager avec ses partenaires internationaux pour que, dans le monde entier, il y ait des sites de production alternatifs qui nous permettent de mener à bien cette transition écologique ». Ses collègues ont tenu à clarifier que leur position ne vise pas à encourager les pays du Sud à se détourner de la Chine, mais ont souligné qu’une stratégie de diversification des sources d’énergies renouvelables, c’est-à-dire de réduction des risques, serait bénéfique pour tous. « Tout le monde devrait faire de son mieux pour garantir la décentralisation de l’offre », a ainsi affirmé le directeur général de l’IRENA, Francesco La Camera. Dont acte…

    

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