L’explosion de la demande en intelligence artificielle (IA) agit comme un révélateur des faiblesses structurelles du réseau électrique américain. Alors que les besoins en énergie des data centers s’envolent, le système, conçu au siècle dernier, montre ses limites. Sheldon Kimber, CEO de la société d’énergie propre Intersect Power, plaide pour une transformation radicale du modèle, passant d’un réseau centralisé à des solutions décentralisées et hybrides.
La consommation électrique des États-Unis pourrait augmenter de 25 % d’ici à 2028, une hausse principalement portée par l’expansion des centres de données nécessaires à l’IA et au cloud computing. Cette demande exponentielle se heurte à un réseau vieillissant et sous-dimensionné. Comme l’explique Sheldon Kimber, « L’Amérique n’a pas un problème de quantité d’énergie, mais un problème de modèle. »
Le constat est sévère : peu de nouvelles lignes haute tension ont été construites ces dernières décennies, les processus d’autorisation sont longs et complexes, et les investissements dans les infrastructures de transport ont été différés. L’Administration de l’Information sur l’Énergie (EIA) confirme cette pression sans précédent sur le réseau. L’IA n’a donc pas créé la crise, mais elle l’a brutalement mise en lumière.
Pour contourner les goulets d’étranglement du réseau national, Intersect Power promeut une approche innovante : la colocalisation. Ce modèle consiste à rapprocher physiquement la production d’électricité des grands consommateurs, comme les data centers, en créant des parcs énergétiques hybrides dédiés.
Ces sites combinent plusieurs technologies pour assurer une alimentation fiable, décarbonée et économique :
Ce modèle modulaire est plus rapide à déployer que les infrastructures traditionnelles et peut, dans de nombreux cas, s’avérer plus compétitif. Il s’inscrit dans la tendance plus large des micro-réseaux et solutions de résilience énergétique.
Intersect Power, qui affirme gérer environ 15 milliards de dollars d’actifs, concrétise cette vision. L’entreprise a noué un partenariat stratégique avec Google pour répondre aux besoins énergétiques croissants de ses infrastructures, notamment celles dédiées à l’IA. Ce type d’alliance illustre comment les géants de la tech deviennent des acteurs majeurs de la transition énergétique, en cherchant à sécuriser leur approvisionnement par des contrats d’énergie propre directement liés à de nouveaux projets.
Sheldon Kimber établit un parallèle avec la révolution des télécommunications. Tout comme le mobile et la fibre optique ont disrupté un secteur figé autour du réseau fixe, l’IA pourrait forcer une refonte du système électrique. La transformation ne viendrait pas d’une réforme réglementaire graduelle, mais de l’émergence de nouveaux modèles industriels décentralisés, plus agiles et résilients.
À terme, cette évolution pourrait redessiner la géographie énergétique et industrielle des États-Unis, en favorisant l’implantation de data centers dans des régions propices aux énergies renouvelables, et en créant un système électrique plus modulaire et moins vulnérable.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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