Électricité en France : vers une stabilité des factures en 2026-2027 malgré la fin de l’ARENH






Électricité en France : vers une stabilité des factures en 2026-2027 malgré la fin de l’ARENH

Une page décisive se tourne sur le marché français de l’électricité. À compter du 1er janvier 2026, le dispositif historique ARENH, qui encadrait le prix d’une partie de la production nucléaire d’EDF, prendra fin. Cette évolution majeure, actée par un accord entre l’État et EDF fin 2023, suscite des interrogations légitimes chez les consommateurs. Pourtant, le ministère de l’Économie (Bercy) se veut rassurant : il n’anticipe pas de « flambée » des factures pour les ménages. Au contraire, une période de stabilité tarifaire est attendue pour au moins les années 2026 et 2027. Cette prévision s’appuie sur les prix actuellement bas de l’électricité décarbonée française sur les marchés de gros, qui permettraient d’absorber le choc de cette transition.

La fin de l’ARENH : que change-t-il au 1er janvier 2026 ?

Instauré en 2011 pour répondre aux exigences européennes de concurrence, le mécanisme de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH) obligeait EDF à céder environ un quart de sa production nucléaire annuelle à ses concurrents et à certains industriels au prix fixe de 42 euros le mégawattheure (MWh). Ce dispositif s’éteindra définitivement le 31 décembre 2025.

Désormais, EDF pourra vendre la totalité de sa production nucléaire aux prix du marché, qui sont par nature volatils. Pour protéger les consommateurs des potentielles fortes hausses, un nouveau mécanisme de régulation a été conçu : le Versement Nucléaire Universel (VNU). Son objectif est double : offrir de la visibilité et de la stabilité aux consommateurs en leur faisant bénéficier d’un prix proche des coûts de production du parc nucléaire, tout en permettant à EDF de dégager les ressources nécessaires pour financer la maintenance de son parc existant et son programme de construction de nouveaux réacteurs (EPR2).

Comment fonctionne le nouveau bouclier tarifaire (VNU) ?

Le Versement Nucléaire Universel est conçu comme un système de redistribution automatique. Il prévoit de prélever une taxe sur une partie des revenus d’EDF lorsque les prix de marché dépassent certains seuils, pour les redistribuer aux consommateurs. Les paliers retenus sont les suivants :

  • Au-delà d’un premier seuil fixé à 78 €/MWh, 50% des revenus d’EDF dépassant ce niveau seront reversés.
  • Au-delà d’un second palier à 110 €/MWh, le taux de prélèvement passe à 90%.

L’arrêté définissant précisément ces seuils doit être publié « entre la fin de l’année 2025 et début 2026 », selon Bercy. Compte tenu des prévisions de prix bas sur le marché de gros pour 2026, il est cependant peu probable que ce mécanisme de redistribution soit activé dès l’année prochaine.

Les factures d’électricité vont-elles vraiment rester stables ?

Les autorités affirment que oui, pour la grande majorité des Français. Cette stabilité anticipée concerne principalement les 75% d’abonnés résidentiels qui sont au tarif réglementé de vente (TRV) – le tarif Bleu d’EDF – ou souscrits à une offre de marché indexée sur ce TRV. Ces tarifs évoluent en fonction des coûts d’approvisionnement sur le marché de gros. La baisse actuelle et prévue de ces cours devrait donc se répercuter naturellement sur les factures, neutralisant l’effet de la fin de l’ARENH.

Pour les clients souscrivant à d’autres offres de marché, l’impact est plus difficile à estimer en raison de la grande diversité des contrats. Cependant, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) indique ne pas anticiper de flambée des prix pour cette catégorie non plus. Elle rappelle qu’à fin septembre 2024, la moitié des offres de marché présentaient des tarifs inférieurs au tarif réglementé.

Les mesures complémentaires envisagées par le gouvernement

Pour renforcer cette tendance à la stabilité, le ministère de l’Économie travaille sur des mesures supplémentaires qu’il souhaite présenter « très prochainement ». Ces dispositions viendraient s’ajouter au scénario, actuellement en débat dans le cadre du projet de budget 2026, d’une baisse de la fiscalité pesant sur l’électricité. L’objectif est clair : maintenir le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises dans cette période de transition énergétique.

Un nouveau système qui ne fait pas l’unanimité

Si le gouvernement présente le VNU comme un « compromis » intelligent entre protection du consommateur et besoins de financement de la transition énergétique, le dispositif est critiqué. Des associations de consommateurs et des parlementaires ont exprimé leurs inquiétudes. Dans un rapport d’information parlementaire d’octobre 2024, il est souligné que le système pourrait ne pas protéger « suffisamment » les consommateurs en cas de très forte volatilité à la hausse des marchés, tout en ne sécurisant pas non plus les revenus d’EDF en cas d’effondrement durable des prix.

En résumé, le paysage électrique français entre dans une nouvelle ère à partir de 2026. La fin de l’ARENH marque une libéralisation accrue du marché, tempérée par la mise en place du Versement Nucléaire Universel. Les prévisions officielles tablent sur une période de stabilité tarifaire, portée par des coûts de production nucléaire bas. La vigilance reste cependant de mise quant à la capacité du nouveau système à absorber les chocs extrêmes du marché mondial de l’énergie.

TAGS : marché de l’électricité, facture d’électricité, transition énergétique


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