Un échange particulièrement tendu a marqué la séance de questions au gouvernement ce mardi à l’Assemblée nationale, cristallisant les débats autour de la stratégie énergétique française. La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, a interpellé le Premier ministre, Gabriel Attal, l’accusant de laisser diffuser des « fausses informations » sur les objectifs des énergies renouvelables (ENR). Cet incident met en lumière les profondes crispations politiques sur la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), document-clé qui fixe la trajectoire énergétique de la France pour les prochaines décennies.
Cyrielle Chatelain a dénoncé avec véhémence les agissements d’un conseiller de Matignon. Selon la députée, ce dernier aurait contacté des dirigeants d’entreprises du secteur des ENR pour leur affirmer que les objectifs de la PPE seraient conditionnés au vote des écologistes sur le budget de la Sécurité sociale (PLFSS). Elle a qualifié ces allégations de « chantage au vote », mettant en garde contre des conséquences dramatiques : des dizaines de milliers d’emplois menacés, un recul de l’autonomie énergétique et un abandon des engagements climatiques.
La députée a exigé du Premier ministre une condamnation claire de ces pratiques et une réaffirmation que le vote du PLFSS serait dissocié des objectifs ENR. Elle a également rappelé l’engagement pris par Gabriel Attal le 15 octobre de ne pas dégrader les ambitions pour le solaire, demandant une confirmation officielle du maintien des objectifs de 54 GW en 2030 et 90 GW en 2035 pour cette filière.
En réponse, le Premier ministre a adopté une posture ferme. Il a confirmé avoir ouvert une enquête interne et, fait notable, avoir saisi la justice. Il a justifié cette décision par la nécessité de « préserver l’intégrité du débat démocratique » dans un secteur stratégique où « circulent des milliards d’euros ». Il a évoqué l’action d’un « groupe d’intérêt » cherchant à s’immiscer dans les discussions politiques.
Sur le fond, Gabriel Attal a catégoriquement démenti toute volonté d’instaurer un moratoire sur les énergies renouvelables, une rumeur persistante qui inquiète les industriels. « Il n’y a pas de moratoire prévu sur les énergies renouvelables, quelles qu’elles soient », a-t-il déclaré, citant en exemples les filières de l’éolien offshore, du solaire et de la géothermie.
Le chef du gouvernement a annoncé vouloir reprendre les discussions sur la future PPE en s’appuyant sur le dernier rapport de RTE sur les scénarios de consommation. Il a insisté sur le fait que l’enjeu n’était pas de baisser les ambitions, mais d’accélérer l’électrification décarbonée de l’économie, notamment pour réduire la dépendance aux importations de gaz.
Il a également évoqué deux chantiers concrets : une réflexion sur la fiscalité de l’électricité, confiée au ministre délégué Roland Lescure, et l’organisation d’une réunion avec l’ensemble des forces politiques avant le vote du budget de l’État pour clarifier la stratégie énergétique.
Cyrielle Chatelain s’est dite « rassurée » par la condamnation des pratiques de chantage par le Premier ministre, une clarification jugée « indispensable pour les acteurs du photovoltaïque ». Cependant, elle a maintenu la pression, soulignant que la rumeur d’un moratoire était « ancienne et tenace ». Pour le groupe écologiste, les difficultés de la transition énergétique proviendraient d’un manque de soutien gouvernemental et non des ENR elles-mêmes. « Nous ne lâcherons rien sur le maintien des objectifs », a-t-elle affirmé.
Cet échange houleux est le reflet des tensions profondes qui traversent la politique énergétique française. Le gouvernement doit en effet concilier plusieurs impératifs : accélérer la transition écologique pour respecter les accords de Paris, assurer la souveraineté et la sécurité d’approvisionnement du pays, soutenir la réindustrialisation et maîtriser les finances publiques. Dans ce contexte, les filières renouvelables, comme le détaille l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), réclament une visibilité et une stabilité réglementaire indispensables pour planifier leurs investissements à long terme. L’élaboration de la prochaine PPE, attendue avec impatience, reste donc l’épicentre d’un débat technique et politique crucial pour l’avenir énergétique de la France.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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