Énergies renouvelables locales : 12 organisations appellent à tripler les projets citoyens d’ici 2030

À l’approche des élections municipales de 2026, une coalition de douze organisations majeures relance son appel à l’État. Leur objectif est clair : tripler la part des énergies renouvelables (EnR) portées par les collectivités et les citoyens d’ici la fin de la décennie. Cette Alliance pour l’énergie locale, qui compte parmi ses membres le réseau CLER, Énergie Partagée, le Réseau Action Climat, Enercoop et France Nature Environnement, formule des demandes concrètes pour lever les freins au développement d’une transition énergétique ancrée dans les territoires.

Un frein majeur : le manque d’ancrage local des projets

L’Alliance identifie un obstacle récurrent à l’acceptation des parcs éoliens ou photovoltaïques : leur gouvernance. Elle alerte sur le fait que les oppositions et recours juridiques émanent souvent de projets menés par des opérateurs privés sans réelle concertation avec les habitants. Dans ces cas, la valeur économique est majoritairement captée par l’investisseur, au détriment des retombées pour le territoire. À l’inverse, les projets à gouvernance locale ou citoyenne bénéficient d’une acceptabilité sociale bien supérieure, comme en témoignent les 450 projets labellisés Énergie Partagée, qui ont mobilisé 30 000 citoyens et 800 collectivités avec peu ou pas de conflits.

Les retombées économiques multipliées par l’implication locale

L’argument économique est central. Une étude d’Énergie Partagée démontre que les projets citoyens et publics génèrent un potentiel de retombées deux à trois fois plus élevé que les modèles purement privés. Au-delà des taxes et loyers (premier tiers « obligatoire »), deux autres tiers de valeur sont créés :

  • Le réinvestissement des revenus dans la rénovation de bâtiments publics, réduisant les factures énergétiques des communes.
  • La création d’emplois et de prestations locales, dynamisant l’économie de proximité.

Ces bénéfices supplémentaires ne sont pas systématiquement favorisés par les investisseurs externes, ce qui justifie un soutien accru aux modèles participatifs.

Des moyens concrets pour accélérer le mouvement

Pour atteindre l’objectif de triplement, l’Alliance formule plusieurs demandes prioritaires aux pouvoirs publics :

  • La publication urgente du décret d’application de l’article 93 de la loi relative au partage de la valeur, qui systématiserait le partage des richesses générées par les projets EnR avec les riverains et les communes.
  • Le renforcement des moyens d’accompagnement pour les collectivités, via les réseaux régionaux d’énergie citoyenne et les dispositifs comme les conseillers « Générateurs ».
  • L’intégration de critères de gouvernance locale dans les appels d’offres nationaux, pour favoriser les projets à forte participation citoyenne ou publique.

Un contexte politique favorable pour l’action locale

Cet appel intervient à un moment stratégique. Selon l’Observatoire Idex 2025, près de 45% des élus locaux priorisent désormais le développement du solaire sur les bâtiments publics. Cette volonté politique, couplée à une attente citoyenne forte, crée une fenêtre d’opportunité. Comme l’explique Auréline Doreau du réseau CLER : « Pour regagner la confiance des habitants et réussir la transition, il faut faciliter le développement des EnR portées par les municipalités et les citoyens. »

L’enjeu dépasse la simple production d’énergie verte. Il s’agit de refonder un modèle énergétique plus juste, démocratique et résilient, où les territoires et leurs habitants deviennent acteurs de leur avenir énergétique.

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