Dans un contexte budgétaire tendu et alors que la France attend toujours sa Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), le gouvernement a lancé un audit ciblé sur le financement public des énergies vertes. Confiée à deux experts de renom, cette mission vise à réformer les mécanismes de soutien, dont le poids est estimé à plusieurs milliards d’euros. Cet article fait le point sur les enjeux, les acteurs et les implications de cette décision stratégique pour la transition énergétique française.
Le Premier ministre a officiellement annoncé la création d’une mission chargée d’évaluer et de proposer une optimisation des soutiens publics aux énergies renouvelables électriques et au stockage. Cette initiative intervient alors que le débat sur le coût de la transition énergétique s’intensifie.
La mission a été confiée à un duo d’experts : Jean-Bernard Lévy, ancien PDG d’EDF et président du Conseil français de l’énergie, et Thierry Tuot, conseiller d’État et ancien directeur général de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Leurs conclusions, attendues d’ici trois mois, devront proposer un modèle de financement « plus efficace, plus soutenable et mieux partagé » entre le public et le privé.
Le gouvernement justifie cette audit par la maturité croissante des filières renouvelables et un contexte financier contraint. Les mécanismes de soutien, comme les tarifs d’achat ou les appels d’offres, représentent aujourd’hui un engagement financier majeur pour l’État. Selon le projet de loi de finances 2026, ce coût est estimé à 8,2 milliards d’euros.
Cette évaluation survient parallèlement aux prévisions du gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE, qui anticipe une demande électrique en stagnation. Réviser ces aides est donc présenté comme une nécessité pour adapter la politique énergétique aux réalités économiques du pays.
L’annonce de cet audit, bien qu’attendue dans les cercles énergétiques, a suscité des réactions contrastées et soulève plusieurs interrogations majeures.
Le point le plus discuté est l’absence du nucléaire dans le périmètre de l’audit. Pour Daniel Bour, président d’Enerplan, cette omission est problématique : « Le coût du nucléaire est celui qui, par définition, est le plus important ». Cette position est partagée par une partie de la filière renouvelable, qui estime que toute réflexion sur les coûts doit être globale.
La nomination de Jean-Bernard Lévy a particulièrement fait réagir. Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), a initialement qualifié le choix de « provocation », évoquant le dépassement budgétaire de l’EPR de Flamanville, construit sous la direction de l’ancien patron d’EDF. Bien qu’il se soit depuis excusé pour la forme de ses propos, le fond du questionnement persiste sur la perception d’une possible partialité.
Le rapport de la mission Lévy-Tuot est attendu pour avril 2024. Ses recommandations pourraient conduire à des évolutions significatives de la politique énergétique française.
Cette mission marque ainsi un tournant dans la gouvernance des énergies renouvelables en France. Elle vise à concilier impératifs écologiques, soutenabilité financière et équité entre les acteurs, dans un paysage énergétique en pleine mutation.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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