Dans le cadre d’une réorientation stratégique majeure, le groupe Électricité de France (EDF) envisage la cession partielle ou totale de sa filiale nord-américaine dédiée aux énergies renouvelables. Cette décision, confirmée par son directeur général Bernard Fontana, vise à mobiliser des ressources financières substantielles pour prioriser les investissements dans le programme nucléaire français, jugé essentiel pour la souveraineté énergétique du pays.

Les scénarios de cession sur la table

Initialement, EDF étudiait l’arrivée de partenaires minoritaires au capital de sa filiale, EDF Renewables North America. Les options ont depuis évolué. L’entreprise analyse désormais des scénarios allant de la vente de 50 % jusqu’à la cession de 100 % de ses parts. Cette opération pourrait représenter une valeur d’environ 2 milliards de dollars, selon des informations de l’agence Bloomberg parues à l’été 2024.

Le poids de la filiale nord-américaine d’edf renewables

La filiale concernée est un acteur majeur du marché. Selon son site officiel, elle a développé un portefeuille de 23 gigawatts (GW) de projets renouvelables aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Ce portefeuille se compose de :

  • 7,8 GW de capacités en exploitation propre.
  • 16,2 GW de projets sous contrat de service.

Son spectre d’activités couvre l’éolien, le solaire photovoltaïque, le stockage d’énergie, les bornes de recharge pour véhicules électriques et l’hydrogène vert. Elle se présente comme un producteur d’électricité indépendant et un fournisseur de services de premier plan.

Une décision guidée par la stratégie nucléaire française

Cette potentielle vente s’inscrit dans une stratégie plus large de recentrage. Bernard Fontana, nommé à la tête d’EDF au printemps 2025, a clairement indiqué que les investissements futurs seraient prioritairement fléchés vers trois piliers en France :

  1. Le maintien et la prolongation de la durée de vie du parc nucléaire existant.
  2. La construction de nouveaux réacteurs EPR (au moins six sont programmés).
  3. Le renforcement des réseaux de transport et de distribution d’électricité.

Ces projets nationaux sont considérés comme structurants pour assurer l’indépendance énergétique de la France et atteindre ses objectifs de décarbonation de l’économie.

Les défis financiers d’edf

Cette réorientation stratégique intervient dans un contexte financier exigeant. Le groupe doit absorber des besoins de financement colossaux liés à son programme nucléaire. Bien que son endettement financier net reste élevé (50 milliards d’euros fin septembre 2024), EDF a réussi à le réduire de 4,4 milliards d’euros par rapport à fin 2023, notamment grâce à des émissions obligataires réussies. La cession d’actifs non-stratégiques, comme ceux en Amérique du Nord, constitue un levier pour renforcer ses fonds propres et alléger sa dette tout en finançant ses priorités industrielles.

Quelles implications pour la transition énergétique ?

Cette décision pose la question de l’articulation entre les énergies renouvelables et le nucléaire dans la stratégie des grands énergéticiens. Si EDF se recentre sur le nucléaire en France, cela ne signifie pas un désintérêt pour les renouvelables au niveau mondial, mais illustre un arbitrage géostratégique et financier. Le groupe conserve un portefeuille renouvelable important dans d’autres régions du monde. Cette opération pourrait également refléter une maturation du marché nord-américain des énergies vertes, où la valorisation d’actifs est attractive pour générer des liquidités.

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