Dans une interview récente sur BFM Business, Xavier Barbaro, PDG de Neoen, a présenté une vision transformatrice du paysage énergétique. Selon lui, le couplage entre énergie solaire et solutions de stockage permet désormais de fournir une électricité renouvelable pilotable, continue et compétitive, remettant en cause l’idée traditionnelle de l’intermittence des énergies vertes.
Acquis en mars 2025 par le géant canadien Brookfield Asset Management, Neoen a quitté la cote parisienne mais conserve sa direction et sa vision. Xavier Barbaro reste PDG et affirme que « la feuille de route est ambitieuse, en France comme à l’international ». Présent dans 17 pays, le développeur continue son expansion rapide, avec l’Australie représentant près de la moitié de ses activités.
Si l’éolien et le solaire demeurent fondamentaux, le stockage est devenu stratégique : « En 2025, les batteries représentent déjà la moitié de nos investissements mondiaux », précise Barbaro.
Le dirigeant réfute catégoriquement l’idée que les énergies renouvelables seraient par nature intermittentes. Grâce aux progrès technologiques, « on peut livrer de l’électricité renouvelable à des industriels 24 heures sur 24, comme le fait le nucléaire. Et cela fonctionne déjà, notamment en Australie ».
Neoen y exploite d’immenses parcs éoliens et solaires associés à des batteries capables de stocker jusqu’à 8 heures de production, contre seulement une heure il y a dix ans. Cette évolution permet des modèles économiques solides et crédibles, loin du greenwashing : « Ce sont des solutions qui marchent, au service d’industriels exigeants ».
Barbaro souligne un chiffre éloquent : en Allemagne, les derniers appels d’offres pour des projets « solaire + stockage » ont abouti à des prix entre 50 et 60 €/MWh, soit 10 à 20 % moins cher que le coût estimé du nouveau nucléaire, évalué autour de 100 €/MWh.
Il affirme ainsi qu’« on dispose aujourd’hui en Europe d’une solution existante, fonctionnelle, moins chère et plus rapide à déployer que le nouveau nucléaire ». Cette compétitivité s’appuie sur la baisse continue des coûts du solaire et des batteries, documentée par des organismes comme l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).
Malgré un potentiel solaire et éolien important, la France pâtit selon Barbaro d’un excès de réglementation : « Nous sommes les champions du monde du réglementaire ». Cette complexité administrative entraîne des surcoûts et des délais plus longs qu’ailleurs.
Pour illustrer son propos, il cite la plus grande centrale solaire de Suède, construite par Neoen, qui produit une électricité moins chère qu’en France malgré un ensoleillement inférieur. « Ce surcoût est exclusivement d’ordre réglementaire », déplore-t-il.
Face à l’électrification accélérée des transports, l’explosion des data centers et la substitution progressive des énergies fossiles, Barbaro alerte sur l’urgence de développer les capacités de production : « Nous entrons dans un monde beaucoup plus électrique. Il faut accompagner ce mouvement ».
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale d’électricité pourrait augmenter de plus de 50 % d’ici 2035, nécessitant des investissements massifs dans les infrastructures.
Interrogé sur les innovations à venir, le PDG de Neoen privilégie les améliorations incrémentales : panneaux solaires plus performants, batteries moins chères, remplacement d’éoliennes anciennes par des modèles plus efficaces. « L’essentiel est déjà là : du solaire et du stockage de plus en plus compétitifs. Inutile de compliquer ».
Cette approche pragmatique s’inscrit dans une tendance mondiale où l’innovation vise avant tout à réduire les coûts et améliorer la fiabilité, comme le montrent les travaux de le National Renewable Energy Laboratory (NREL) aux États-Unis.

Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
Abonnez-vous maintenant à la Newsletter.
Inscription gratuite !