À l’heure où la France prépare sa transition énergétique pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, deux voies majeures se dessinent : miser sur un développement massif de l’énergie solaire ou relancer la filière nucléaire. Ces deux options, souvent opposées dans le débat public, ne sont pourtant pas si incompatibles. Elles soulèvent cependant des enjeux industriels, économiques et stratégiques colossaux, que l’État devra arbitrer avec rigueur et vision.
La consommation d’électricité en France va fortement augmenter dans les 25 prochaines années : voitures électriques, pompes à chaleur, hydrogène vert… D’ici 2050, la demande pourrait être multipliée par deux, selon RTE (Réseau de Transport d’Électricité). Il ne s’agit donc pas seulement de remplacer les énergies fossiles, mais bien de produire beaucoup plus d’électricité, en émettant le moins possible de CO₂.
Pour relever ce défi, deux modèles se font face :
Le solaire photovoltaïque est l’énergie la moins chère à produire dans le monde, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En France, les coûts ont chuté de 80 % en dix ans, et les délais de mise en œuvre sont très courts : de 6 mois à 2 ans pour une grande centrale.
La France a installé plus de 3 GW de solaire en 2023, un record. L’objectif est d’atteindre 100 GW d’ici 2050, contre 20 GW aujourd’hui. Cela permettrait de couvrir plus d’un tiers de la demande électrique estivale, selon les projections.
Mais cette belle dynamique repose sur des fondations fragiles :
Le paradoxe du solaire français est frappant : il est présenté comme une voie vers l’indépendance énergétique… mais nous sommes dépendants des chaînes de valeur asiatiques.
Le nucléaire reste le cœur du système électrique français, assurant entre 60 et 70 % de la production annuelle. Il offre une production stable, pilotable et décarbonée, un atout face à l’intermittence du solaire ou de l’éolien.
Pour remplacer les 56 réacteurs vieillissants, Emmanuel Macron a annoncé en 2022 la construction de 6 réacteurs EPR2, avec une éventuelle extension à 14. Coût estimé : 52 milliards d’euros minimum, sans compter les dépassements possibles.
Mais la relance du nucléaire en France est semée d’embûches :
Relancer le nucléaire n’est pas qu’une question technologique : c’est une affaire de gouvernance, de savoir-faire et de rigueur budgétaire.
Critères | Énergie solaire | Énergie nucléaire |
---|---|---|
Coût moyen (€/MWh) | 45–60 €/MWh | 80–120 €/MWh (EPR2) |
Temps de déploiement | 6 mois à 2 ans | 10 à 15 ans |
Souveraineté industrielle | Faible (import chinois) | Forte (production nationale) |
Acceptabilité sociale | Élevée (hors conflits fonciers) | Moyenne (mémoire de Tchernobyl/Fukushima) |
Production | Intermittente | Continue et pilotable |
Émissions de CO₂ | Très faibles | Très faibles |
Risques associés | Environnement (production, recyclage) | Nucléaires (sûreté, déchets) |
Face aux défis énergétiques, opposer nucléaire et solaire n’a plus de sens. La sobriété seule ne suffira pas. Il faudra tout déployer à la fois :
L’enjeu n’est pas de trancher entre deux camps. L’enjeu est de garantir à la France une électricité décarbonée, souveraine et accessible à tous.
Un reportage récent (publié il y a 3 semaines), qui analyse la renaissance du nucléaire en Europe, les nouveaux projets lancés, et leurs implications face aux urgences énergétiques, climatiques et sécuritaires .
Un format de vulgarisation accessible qui décortique les perspectives et limites de la fusion nucléaire, une technologie encore expérimentale mais porteuse d’espoirs énergétiques .
Publié la semaine dernière, ce format d’analyse met en lumière les coûts très élevés des nouveaux projets nucléaires en France, les incertitudes budgétaires et les débats politiques associés .
Une conférence claire sur les réacteurs modulaires de petite taille (SMR), leur fonctionnement, leurs avantages et limites dans la stratégie nucléaire française et mondiale
Le solaire offre une solution rapide, bon marché mais dépendante. Le nucléaire promet une production stable et souveraine, mais au prix de lourds investissements et de délais. Entre les deux, la France doit bâtir un mix intelligent, ambitieux, et résolument tourné vers l’avenir.
Engagée pour la transition énergétique, je me consacre à l’exploration des opportunités offertes par l’énergie solaire et à son évolution. J’accompagne les professionnels du secteur et favorise les collaborations pour accélérer l’adoption de solutions durables et innovantes.
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